Chez la mante religieuse, c’est bien connu, la femelle ne fume pas une cigarette après l’amour mais c’est plutôt son mari qu’elle fume. Enfin… la légende le prétend.

Chez la mante religieuse, c’est bien connu, la femelle ne fume pas une cigarette après l’amour mais c’est plutôt son mari qu’elle fume. Enfin… la légende le prétend. Dans les faits, ce n’est pas si fréquent. Et même, cela reste relativement rare, du moins dans la nature. En captivité, par contre, le pauvre mâle, plus petit de 2 à 3 centimètres que sa compagne (qui fait entre 5 à 8 centimètres de long), finit presque systématiquement à la casserole. Parfois même, comme l’accouplement dure quatre à cinq heures (ah oui… quand même !), elle commence à lui dévorer la tête pendant qu’il poursuit imperturbablement sa petite affaire. Certaines y verront la propension masculine à se passer de cerveau lorsque le reste fonctionne…

Il faut savoir que la mante religieuse est un redoutable chasseur, surnommé « le tigre de l’herbe ». Ses pattes avant, qui lui donnent cet aspect religieux, lui servent à immobiliser sa proie, qu’elle broie avec ses puissantes pièces buccales. Parfois même, elle peut s’attaquer à de petits oiseaux de type colibri. Et, dans le même temps, c’est un insecte solitaire. Exactement comme la veuve noire, une araignée qui partage la même caractéristique, celle d’être susceptible de dévorer son reproducteur.

Chez ces insectes solitaires, il n’y a pas vraiment de solidarité d’espèce : elles ne voient aucun inconvénient à se nourrir d’un congénère et il arrive que deux mantes femelles en viennent aux mains et que le vainqueur dévore la perdante. Bref, même si manger le mâle ne représente pas nécessairement un apport protéique indispensable, elles ne voient pas de mal à cette petite collation si elles n’ont que ça sous la patte.

 

L’espèce en premier

Mais qu’est-ce qui pousse le mâle à affronter ce danger ? Certains insectes qui vivent peu longtemps ont un comportement reproductif suicidaire : le mâle sait qu’il va mourir, comme chez l’abeille, dont les gonades explosent, mais la reproduction de l’espèce est plus importante que leur vie. Ce sont des insectes semelpares : ils ne se reproduiront qu’une fois au cours de leur vie.

Les mâles des araignées, qui savent qu’ils prennent le risque de se faire dévorer, ne sont pas suicidaires : ils déploient un luxe de précaution pour s’approcher de la femelle, et certains offrent même une proie en cadeau pour calmer l’appétit de la femelle. Il en va de même pour la mante mâle, qui, selon certaines études, est plus attirée par les femelles dont l’abdomen rebondi trahit qu’elles viennent de manger.

Malgré tout, la faible durée de vie de l’animal qui mourra systématiquement en hiver pourrait laisser penser qu’il adopte un comportement quasi suicidaire : en acceptant de « distraire » la femelle en se laissant dévorer, il permettrait à ses spermatozoïdes d’avoir plus de temps pour s’écouler. Qu’est-ce qu’on ne ferait pas pour les enfants…

Jean Luc Eluard

Chronique réalisée en collaboration avec le Mag de Sud Ouest. http://www.sudouest.fr/lemag/
Crédit photo

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