Comment vont réagir les espèces aux modifications de leur environnement liées aux changements climatiques en cours ? Tel est l’enjeu du programme Sentinelles du climat dont les premiers résultats sont attendus en 2021. La marmotte, présente en Nouvelle-Aquitaine, fait partie de ces sentinelles suivies de près par les scientifiques du programme. En ce début de printemps, elle affiche une petite forme…

« C’est le cinquième hiver que je vis dans les Pyrénées et il a beaucoup neigé en cette année 2017/2018. Mais cet enneigement exceptionnel ne doit pas masquer la réalité du danger qui plane au dessus de ma tête et menace la survie de ma famille. Car la couverture neigeuse qui recouvre l’entrée de mon terrier d’hiver se rétrécit d’année en année, m’obligeant à puiser dans mes réserves de graisse pour lutter contre le froid. Aurais-je le temps de les reconstituer d’ici fin avril lorsque le temps des amours sera revenu ? »

Moins de neige = moins de marmottons

« La sortie d’hibernation est un moment bien rude. Je suis si maigre que ma peau semble flotter autour de moi. J’ai l’impression d’être une demi portion de marmotte. Quand je pense qu’il va falloir nettoyer le terrier de fond en comble et en sortir les corps de ceux qui sont morts cet hiver, cela me fatigue d’avance. Les ébats attendront. Il va falloir que je me remplume pour avoir la force de donner la vie une nouvelle fois. Mais ce n’est pas gagné… Il paraît que mes cousines des vallées alpines font de moins en moins de petits. Les portées de six marmottons sont devenues rares. Là bas aussi, leur couverture de neige est de plus en plus fine et fond de plus en plus précocement. »

Le groupe familial se compose d’un couple d’adultes et des jeunes nés au cours des deux ou trois dernières années

S’adapter au changement climatique ou subir

« Si cette situation perdure, il faudra peut-être songer à déménager pour s’élever en altitude. Mais trouverons nous une pelouse généreuse, légèrement pentue, bien orientée, et facile à creuser comme celle que nous avons ici ? Le tout à proximité d’une zone d’éboulis ? Rien n’est moins sûr. Mais je veux rester confiante. Il y a bien longtemps, après une période de réchauffement climatique faisant suite à une longue période glaciaire, nos ancêtres ont quitté les steppes pour se refugier dans l’ouest de l’Europe. J’espère que nous saurons nous adapter à cette nouvelle donne… »

Les portées comptent généralement 2 à 6 marmottons, mais plus de la moitié des jeunes meurent au cours de leur première année de vie.

Alexandrine Civard-Racinais

 « Sentinelles du climat » : Un suivi sur 6 ans

Dans le cadre du programme Sentinelles du climat, « plusieurs familles de marmottes installées à différentes altitudes, principalement en vallée d’Ossau, font l’objet d’un suivi sur six ans », commente Thomas Ruys, spécialiste des mammifères et chargé de projets au sein de Cistude Nature. « Il s’agit notamment de compter les jeunes qui sortent du terrier 39/40 jours après leur naissance, à partir de début juillet, pour voir s’il y aura des variations du nombre de marmottons sur le long terme ». A terme, ce comptage pourrait permettre de valider (ou non) l’hypothèse d’un impact de la diminution de la couche de neige et d’une fonte plus précoce sur le succès reproducteur des marmottes vivant dans les Pyrénées, en relation avec les conditions environnementales.

Pour en savoir plus sur l’impact des changements climatiques sur les espèces sentinelles comme la marmotte des Alpes, rendez-vous sur le portail général du programme Sentinelle du Climat.

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