Vuitton, Guerlain, Dom Pérignon, Jacob&Co… Les marques de luxe craquent pour le Charentais Damien Beaulande, devenu maître dans l’art de la customisation. Depuis son hangar de l’Isle-d’Espagnac, en Charente, il peaufine des décors uniques grâce à l’hydrotransfert, un procédé « magique ». Seulement en apparence.

 

Tout a démarré avec Vuitton qui lui a demandé, pour la déco de leur boutique de Saint-Germain-des-Prés, des effets carbone, gris nacré avec reflets jaunes sur des plexiglas vrillés. Les champagnes Dom Pérignon ont été séduits, eux, par son prototype de bouteille aux effets craquelés ou « constellation », tout comme Guerlain, par le relooking de ses flacons de parfums. D’ici peu, ce sera la luxueuse marque suisse Jacob&Co qui recevra, made in L’Isle-d’Espagnac, des présentoirs de montres à l’aspect « météorite » aussi étonnants que ressemblants.

customisation, Damien Beaulande, Charente

Damien Beulande travaille sur une commande spéciale : un présentoir de montres aux effets « météorite » plus vrais que nature.

Il faut dire que Damien Beaulande a plusieurs cordes à son arc. Le goût du dessin, dès son plus jeune âge, de visages ou de voitures,« ce qui m’a appris la gestion des couleurs ». Une sensibilité à la mode avec une mère styliste-modiste à Paris. « Je baignais enfant dans des rouleaux de 500 m de tissus et les prototypes ». Une culture du bricolage. « Mon côté manuel vient de la ferme de Corrèze, repris par mes parents, où j’ai mis la main à la pâte. Quand on est seul avec un tracteur en panne au milieu d’un champ, on apprend forcément à se débrouiller ». Et enfin, une formation de dessinateur industriel suivi d’un emploi dans une société de fabrication de cabines d’usinages, « une expérience aujourd’hui très utile pour lire les plans de mes clients ou les adapter », commente tour à tour Damien Beaulande, qui avoue avoir découvert « par hasard », la technique de l’hydrotransfert qui fait aujourd’hui le succès de sa société H Custom.

 

« Une vidéo, par hasard, sur YouTube »

« J’ai vu, en effet, il y a 7 ans, sur You tube, une vidéo d’un mec qui trempait une jante, puis plusieurs vidéos sur le sujet. J’ai commencé à faire des tests, mais le rendu n’était pas beau. Je suis donc allé voir dans des sociétés, en Allemagne et en Autriche, qui utilisaient ce procédé dit d’hydrotransfert, inventé il y a trente ans par les Chinois… », narre ce curieux infatigable, qui au bout de 3 ans d’essais, s’est déclaré satisfait du résultat.

En apparence, le procédé par trempage peut, en effet, paraître simple et quasi magique. Prendre une feuille de fécule de maïs où sont imprimés à l’encre des motifs, la faire détremper quelques instants dans un bac rempli d’eau et de produits chimiques, notamment des solvants utilisés en carrosserie, plonger délicatement son objet au contact de la feuille qui se dissout à 90 % et le ressortir quelques secondes plus tard entièrement customisé… « Mais ce qui est complexe, en fait, est de maîtriser toutes les phases préalables de préparation de l’objet (ponçage, peinture…) ; pour le trempage, de connaître les bonnes températures, les temps de pause, les produits nécessaires pour chaque type de feuilles d’amidon qui sont de composition végétale et réagissent très différemment. Sans compter la spécificité de chaque matériau, avec par exemple le plastique, qui peut faire facilement des bulles ou des décollements… », précise Damien Beaulande, qui justement travaille à 80 % sur des pièces en plastique.

Un effet « carrosserie », brillant et sans grain

Sur cette matière première peu coûteuse, le plastique, la technique hydrotransfert permet justement d’avoir des rendus assez bluffant, notamment aux effets « carbone », sans grain, sans coulure, telle une base de carrosserie. Comparé au prix du carbone, le calcul est vite avantageux pour les sociétés.

H Custom, Damien Beaulande, Charente

H Custom continue ses tests pour produire ses propres créations.

« Faire de l’impression sur des surfaces plates, tout le monde peut le faire, mais ce procédé, lui, permet aussi de faire des motifs de façon uniforme sur des pièces courbes et en volume », ajoute Damien Beaulande, qui customise toujours (50 % de son activité) des éléments pour automobiles, camions et motos, mais aussi des talons de chaussures, des lunettes fabriquées en imprimante 3D, arcs, prothèse de jambe personnalisée, sculptures… « Nous travaillons aussi en ce moment sur des éléments de selles d’équitation connectées. Ils n’ont pas pu faire des caches en carbone car les ondes Wifi ne passaient pas, d’où une fabrication de ces éléments en plastique avec la volonté de les customiser pour les habiller », indique Damien qui confie, toujours inventif, concocter, dernière nouveauté de H Custom, des peintures électroluminescentes.

Marianne Peyri

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