Battée dans les mains, à genoux dans l’eau, l’image fait penser à la conquête de l’Ouest. Et pourtant, en Nouvelle-Aquitaine,  quelques passionnés investissent les rivières pendant leur week-end. Car ici aussi on peut trouver de l’or.

Laurent Londeix, géologue au laboratoire Epoc à l’université de Bordeaux, lui-même « chercheur d’or », est intarissable sur le sujet : « L’or provient des filons situés au niveau des massifs géologiques anciens. En Aquitaine, ce sont les Pyrénées et le Massif central. Il est remonté à travers des filons par des processus géologiques de type grandes failles profondes ou des collisions entre continents. »

Des événements qui se sont produits en France il y a 300 millions d’années au moment de la formation de la chaîne hercynienne. Quand l’eau érodant cette chaîne est parvenue au niveau des filons, elle a  transporté dans les rivières des particules d’or avec les sédiments. « Toutes les rivières qui ont leur source dans ces montagnes anciennes et qui traversent ces niveaux aurifères deviennent elles-mêmes des rivières aurifères. » Certaines ont alors concentré plus d’or que les autres. Le Salat, affluent de la Garonne, en est l’exemple. Mais aussi l’Isle, la Dordogne, la Garonne en amont du Salat, l’Adour… Et quelques rivières du Pays basque, comme le Bastan.

3 000 paillettes pour 1 gramme

Si on se souvient que l’or est encore plus dense que le plomb – 1 litre d’or pèse 19 kilos contre 2 kilos pour le sable –, on comprend que le courant de la rivière déposera plus de particules d’or à certains endroits qu’à d’autres. « La densité  de l’or fait que la dynamique de l’eau le prend moins en charge. Quand la force de courant diminue, c’est l’or qui reste.  C’est pour cela qu’on trouve des paillettes au pied des montagnes ou dès qu’il y a une baisse de la pente. »

Seules les plus fines particules, assimilables à de la farine d’or, seront amenées jusqu’à l’Océan. Ainsi, il est possible de trouver de  l’or sur les plages, comme à Soulac.

Réside une question : comment en trouver ? « Jouent essentiellement le savoir et l’expérience du chercheur d’or. Par exemple, il faut raisonner sur les rivières en crue pour déterminer où les paillettes d’or se redéposeront à la décrue. »

Pour repartir avec un petit gramme d’or, il faudra compter sur 3 000 paillettes. Pas de quoi payer l’essence de la voiture, vous diront les amateurs qui cherchent de l’or quand d’autres font de la randonnée ou du vélo. Le vrai trésor réside dans la compréhension et l’observation de la nature.

Alexandre Marsat

Chronique réalisée en collaboration avec le Mag de Sud Ouest.
http://www.sudouest.fr/lemag/

Photo credit: Secession in Wien via photopin (license)

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