La société Carcidiag installée à Guéret dans la Creuse développe une première mondiale : un test capable de prédire l’agressivité d’un cancer. Avant peut-être de poursuivre ses travaux sur les cellules souches en trouvant comment traiter celles qui deviennent cancéreuses.

Il y a beaucoup de différences entre cancers : des tumeurs peuvent être volumineuses sans pour autant être difficiles à traiter alors qu’au contraire, de petites tumeurs peuvent s’incruster plus profondément et résister au traitement.
Ce sont celles-ci qui sont les plus particulièrement visées par le test inventé et commercialisé par Carcidiag.

C’est Aurélie Lacroix, ancienne post-doctorante à l’université de Limoges, qui a déniché le truc : des sucres particuliers à la surface des cellules. « C’est leur agencement et leur multiplicité qui fondent l’agressivité des cellules cancéreuses. Jusqu’à présent, on ne savait pas quelles modifications étaient détectables » et la seule chose que l’on pouvait faire, c’était détecter toutes les cellules génériques. Parce que les cellules en cause sont peu nombreuses (elles ne représentent que 3 à 4% de la tumeur), bien cachées et résistent à tous les traitements : le test mis en place par Carcidiag les « enrichit » pour pouvoir les repérer.

Les cellules souches, un nouveau terrain

C’est en travaillant sur les cellules souches cancéreuses à l’UMR Homéostasie cellulaire et pathologie de l’université de Limoges qu’Aurélie Lacroix a compris tout le potentiel médical et financier de cette découverte : « Je suis partie du constat qu’il y avait des patients qu’on ne savait pas traiter sans que l’on sache pourquoi. Je me suis dit qu’il y avait une problématique intéressante là-dedans ».
Surtout que le domaine des cellules souches cancéreuses, porteur d’espoirs médicaux depuis deux ans, étaient plus ou moins délaissé voici cinq ans, à l’époque où elle fait cette découverte.

Aurélie Lacroix quitte donc l’université et intègre Carcidiag dont elle devient la directrice scientifique adjointe, parce que l’entreprise travaillait déjà sur une idée proche de la sienne. Il a fallu ce temps pour mettre le test au point et le plus complexe est actuellement d’obtenir les agréments officiels nécessaires pour savoir si les tests seront remboursés. Remboursement dont dépendra leur prix puisque sans celui-ci, il faudra être économe.

Prochaine étape : le traitement

Pour l’instant, seul le test du cancer colo-rectal est produit par Carcidiag qui passera ensuite à ceux du poumon et du sein, les plus répandus donc les plus susceptibles de provoquer des achats de tests.

Mais la prochaine étape est déjà plus au moins dans les esprits, si ce n’est dans les tuyaux : passer du dépistage au traitement des cellules souches cancéreuses, ce qui aurait pour effet de limiter les récidives.
A ce moment-là, la petite start-up hébergée au pôle domotique et santé de Guéret en poussant les murs devra déménager… sans savoir si elle pourra rester dans sa ville de naissance. L’attrait urbain est là, même si « on privilégiera le Limousin ».

 

Jean Luc Eluard

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