Silab descend plus loin que la distillation pour utiliser les plantes jusqu'au niveau de la molécule désirée

Silab a trouvé son bonheur dans les plantes : l’entreprise corrézienne est leader européenne sur le marché des actifs naturels cosmétiques. Une niche où la recherche prend une place essentielle.

Si vous vous êtes passé une crème sur le visage ce matin, il y a pas mal de chance qu’elle vienne d’ici. A Saint-Viance, à une encablure de Brive, Silab est devenu en quelques années le leader européen de la fabrication d’actifs naturels à base de plante. En gros, la matière première dont se servent les marques de cosmétiques pour créer leurs crèmes : « Il n’y a pas une entreprise de cosmétique parmi les 50 plus grosses au monde que nous n’ayons pas parmi nos clients. » affirme Brigitte Closs, directrice déléguée à la recherche et au développement de Silab.

Zone grise entre médecine et phytothérapie

Quand on parle « actifs naturels », on entre dans une zone grise qui n’est pas tout à fait de la médecine mais déjà plus de la phytothérapie qui utilise ce qui peut être extrait d’une plante par distillation. Ici, on rentre plus profondément dans la chimie de la plante pour en retirer les molécules qui peuvent être utilisées sur la peau, quelle que soit la partie de la plante en jeu (feuilles, fleurs, racines, tiges…). Toutes les molécules hydrosolubles sont concernées, qui sont ensuite purifiées mécaniquement pour être les plus concentrées possibles dans les actifs que vend Silab.

Un tiers de chercheurs

Alors bien sûr, même si une majorité de gens utilisent des cosmétiques pour leur peau, on ricane doucement sur leur absence supposée d’effets. Pas ici : « On explique les mécanismes d’action de nos molécules, on fournit les concepts sur lesquels nos clients s’appuient pour expliquer comment ça fonctionne. Tout ce qu’on vend est démontré qualitativement et quantitativement. »

Même si on utilise des produits naturels, on reste quand même dans une industrie très technique

Une volonté dès le commencement pour une société qui compte une centaine de chercheurs pour 300 salariés et consacre chaque année 20% de son chiffre d’affaires à la recherche : « C’est une stratégie dès le départ puisque notre fondateur est un chercheur à l’origine. » Il y a 35 ans, Jean Paufique purifiait le sang et les déchets des abattoirs de Brive-la-Gaillarde pour les valoriser en pharmacie et fabriquer des vaccins. La cosmétique, toujours avec la même base, n’était qu’une activité parallèle jusqu’à ce que la crise de la vache folle et l’interdiction d’une centaine de produits issus des animaux viennent mettre en cause l’activité principale de Silab. Qui se tourne alors vers les plantes et la cosmétique.

Retour aux sources

Alors c’est un petit retour aux sources par des voies détournées si aujourd’hui, l’entreprise se tourne de plus en plus vers le soin dermatologique, à la limite de la médecine : « On entre profondément dans le travail sur les gênes et la peau dans notre travail alors on s’est dit que ce qu’on sait faire pour des peaux saines, on peut le faire pour des peaux compromises. »

Il suffit d’aller plus loin dans la purification et Silab veut se montrer exemplaire dans ce domaine : « Nos actifs sont alors proposés en poudre et sans conservateurs. » En allant chercher ses actifs dans des plantes du monde entier et en cultivant sur place ses levures et ses bactéries, l’entreprise corrézienne s’ouvre des perspectives quasi-illimitées. A condition que sa recherche progresse assez rapidement pour répondre aux besoins.

Jean Luc Eluard

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