Il me faut une bonne raison pour m’empêcher de dormir, alors que le recordman des « sans-sommeil » l’a trouvée dans… un projet scolaire. Ce qui prouve au moins qu’on n’a pas tous les mêmes priorités.

Ce recordman est un Américain de 17 ans qui, à la fin de l’année 1963, a tenu 264 heures sans dormir (soit onze jours). Il a ensuite dormi quatorze heures d’affilée et a mis du temps avant de récupérer son sommeil en retard, sans aucune séquelle notable… et on peut dire qu’il a eu de la veine, car le manque total de sommeil peut conduire à la mort. Pas de manière directe : on ne meurt pas d’une absence de sommeil mais de ses conséquences, des manifestations physiques qu’elle entraîne.

Des rats de laboratoire qui n’avaient pas dormi durant une longue période ont fini par mourir, en majorité, dans les quinze jours. En cause : une augmentation de la pression artérielle et du cortisol, l’hormone du stress. Mais il faut être prudent avec ce résultat : on les avait empêchés de dormir, ils n’étaient pas restés éveillés de leur propre chef, ce qui change tout.

Il n’empêche, certains ont estimé qu’une des causes possibles de la mort de Michael Jackson serait un mauvais sommeil dû aux médicaments qu’il prenait. Pour comprendre, il faut savoir qu’il y a cinq stades du sommeil : la somnolence (stade 1), le sommeil léger (stade 2), le sommeil profond (stades 3 et 4) et le sommeil paradoxal (également appelé Rapid Eye Movement, REM).

Ces cinq stades se succèdent en un cycle de quatre-vingt-dix minutes, renouvelé trois à cinq fois par nuit. La phase 5 est celle des rêves et de l’activité cérébrale la plus intense. Or, sa prise de médicaments aurait empêché le chanteur d’atteindre cette phase pendant deux mois, entraînant sa mort. Pour autant, certaines personnes ayant des problèmes cérébraux n’atteignent jamais le stade 5, sans problème de santé particulier.

C’est que le sommeil est une matière très personnelle : si l’on estime qu’un adulte doit dormir sept à huit heures par nuit, certains se contentent de quatre heures quand d’autres en ont besoin de dix. La différence est due à un gène, l’ABCC9, également impliqué dans le diabète et le risque cardiaque (comme le stress abordé plus haut).

Et, puisqu’on parle de gènes, des gens que l’on a obligés à dormir, dans le cadre d’une expérience, moins de six heures, ont vu 711 éléments de leur ADN se modifier en une semaine, et le nombre de leurs gènes ayant une activité normale dans la journée diminuer. Mais, là où il y a des gènes, il peut y avoir du plaisir : des expériences ont montré qu’il valait mieux dormir nu, car le corps pouvait ainsi mieux réguler sa température en l’abaissant pour la nuit.

Jean-Luc Eluard

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