Souvent, on les entend avant de les voir. Car les grues crient leur « kroo » de manière régulière. Ce qui permet de les localiser rapidement dans le ciel. Un long vol en V ou en Y. Pas de doute, ce sont des grues.

Les cyclistes vous le diront, ces bêtes là ont tout compris de l’aérodynamisme en se positionnant ainsi, sans avoir besoin de test en soufflerie. Mais ces migrateurs qui comptabilisent pas moins de 2 500 kilomètres à chaque trajet, ont besoin d’économiser au maximum leur énergie.

Car le battement des ailes crée derrière l’oiseau une petite perturbation. Une sorte de micro-tourbillon ascendant puis descendant selon le rythme des coups d’aile. Il faudrait donc que le suivant puis les autres ajustent leurs propres battements et leur vol plané pour profiter au maximum de l’aspiration, avec une grande précision. Une telle coordination est parfaitement impossible ? Faux. Néanmoins, pendant de nombreuses années, le doute a perduré sur cette éventualité.

Le chercheur britannique Steven Portugal a démontré dans son étude publiée dans la revue « Nature » en janvier 2014 que les oiseaux étaient plus malins qu’on ne pouvait le croire. En équipant des ibis chauves de capteurs, dans leur migration entre l’Autriche et l’Italie, il a prouvé qu’ils se mettaient dans la meilleure position en V puis qu’ils réglaient avec précision leurs battements d’aile. Avec ce positionnement à 45 degrés, ils bénéficient pleinement du tourbillon ascendant des mouvements des oiseaux qui les précèdent. Des siècles d’évolution qui laissent sans voix.

Les plus grands migrateurs d’Europe

Du côté de la terre ferme, les humains n’observent pas toujours avec attention le vol des oiseaux. Un vol en V au loin ! Des grues, forcément. Pas toujours, beaucoup de volatiles utilisent ce positionnement, sauf les passereaux, qui volent en « boule ». Les vanneaux et parfois les pigeons adoptent aussi ce vol moins énergivore. Quant aux grues qui passent en cette saison au-dessus de nos têtes, ce sont des grues cendrées nommées ainsi car leur plumage tire vers le gris ardoise.

Elles font partie des plus grands migrateurs d’Europe, avec une envergure qui peut atteindre 2,4 m et une longueur avoisinant 1 à 1,2 m. Elles vont rejoindre le sud de l’Espagne, voire l’Afrique du Nord, pour passer l’hiver au chaud, avant de rejoindre le nord de l’Europe au printemps prochain. Toujours en V.

Chronique réalisée en collaboration avec le Mag de Sud Ouest. http://www.sudouest.fr/lemag/

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