La Creuse va-t-elle devenir un eldorado pour le cannabis thérapeutique ? En tous cas, elle en prend le chemin depuis l’avis positif rendu par le comité scientifique de l’Agence nationale de sécurité du médicament

Mais quelle mouche a piqué les Creusois ? Voilà un an, le projet de légalisation du cannabis thérapeutique porté par Éric Correia, président de la Communauté d’agglomération de Guéret, paraissait saugrenu. Aujourd’hui cet infirmier anesthésiste, en poste à l’hôpital de Guéret depuis vingt ans, est agréablement surpris par l’engouement suscité par son idée. Une dizaine d’agriculteurs se disent prêts à semer des graines de chanvre et beaucoup attendent que la filière se structure pour se lancer.

« J’ai soigné des patients souffrants de douleurs aiguës ou chroniques comme la sclérose en plaque ou la fibromyalgie avec des traitements à base d’opium raconte-t-il, à cause des effets secondaires ou de leur inefficacité, certains ont tout arrêté pour fumer du cannabis. Ils vont mieux et travaillent à nouveau ! »

Problème, fumer un joint même pour se soigner est interdit. Quid alors ? « Les patients se mettent dans l’illégalité, achètent des saloperies dans la rue ou produisent leur cannabis, c’est insupportable et scandaleux. Fumer est la pire méthode, il vaut mieux transformer le chanvre en huiles, gouttes, spray ou l’inhaler car il n’y a pas de combustion, nocive pour la santé. »

« 300.000 patients français attendent ce traitement »

Pour Éric Correia, président de la Communauté d’agglomération de Guéret, La rentabilité du cannabis thérapeutique « est de 2.500 euros l’hectare contre 300 euros pour du blé ! »

En 2017, le licenciement de 156 salariés de GM&S Industry avait mis la Creuse sous les projecteurs médiatiques. « Proposez-moi des projets de développement y compris extra-légaux, lançait alors Emmanuel Macron aux élus, je regarderai tout ». Bingo ! L’infirmier saisit cette opportunité pour étudier la possibilité de soigner légalement ses patients et apporter un complément de revenus aux agriculteurs qui cultiveront, transformeront et conditionneront le chanvre sur place.

« Ce projet est d’abord humaniste, plus de 300.000 patients français attendent ce traitement et 21 pays européens ont légalisé le cannabis thérapeutique argumente-t-il. Un laboratoire creusois peut le transformer ».

Le marché est estimé à plusieurs millions d’euros en France. « La rentabilité est de 2.500 euros l’hectare contre 300 euros pour du blé ! Il y a plus de 100 ans la Creuse était le premier producteur français de chanvre industriel. » Il reste à bâtir le modèle économique, une proposition sera déposée avant juin 2019 auprès de l’Agence du médicament et du Ministère de la Santé.
Histoire de griller la concurrence.

Corinne Mérigaud 

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