En ce début de printemps, faucons crécerelles et milans noirs sont visibles dans le ciel bordelais. Ces deux beaux rapaces profitent de l’habitat urbain et nous rendent en retour bien des services.

Indifférent à la clameur de la foule massée sur la place Saint-Michel de Bordeaux en ce jour de marché, un couple de faucons crécerelles vaque à ses occupations. Tous deux sont à la recherche d’un moineau affaibli ou de quelque insecte à fourrer dans le gosier de leurs insatiables petits nés il y a peu. Les oisillons occupent un nichoir installé il y a près de 10 ans au sommet de la flèche de la Basilique Saint-Michel, à l’abri des prédateurs et des hommes qui s’affairent 114 mètres plus bas.

« Pas ou peu de concurrence avec d’autres espèces, pas de prédateurs, pas de dérangement… énumère Magali Contrasty, chargée de mission médiation et environnement à la LPO Aquitaine. La flèche Saint-Michel représente un lieu idéal pour élever les jeunes en toute quiétude ». D’autant plus que la place reste éclairée toute la nuit, ce qui permet à ces rapaces diurnes de chasser des insectes attirés par la lumière jusqu’à une heure tardive.

 

Du haut de ses 114 mètres la flèche Saint-Michel domine le paysage bordelais / Photo A C-R

Les faucons crécerelles désertent la capitale girondine en septembre pour revenir fin janvier/début février. Ils passent la mauvaise saison dans l’entre-deux-mers/ Photo DR/LPO

 

Le milan noir revient d’Afrique

Au-dessus des maisons qui jouxtent la place, se profile la silhouette sombre d’un autre habitué des lieux. C’est un milan noir, rentré d’Afrique depuis quelques semaines. Celui-là fait son marché parmi les martinets noirs occupés à glaner des insectes. « Ce rapace est situé en haut de sa chaîne alimentaire ». Cet opportuniste, qui adapte son régime en fonction de ce qu’il trouve sur place, ne dédaigne pas les charognes et « joue un rôle d’épurateur ». De son côté, le faucon contribue à la régulation des rongeurs et sa présence permet d’éviter la prolifération des pigeons.

Les milans noirs sont visibles dans le ciel bordelais dès le mois de mars. Ils repartent dès la mi-août en direction du continent africain / Photo DR Hubert Huguenot – LPO

Préserver le bâti ancien profite à la biodiversité

Ces deux rapaces se sont donc adaptés au milieu urbain. Bordeaux accueille ainsi une dizaine de couples de faucons. Quand au milan noir, longtemps chassé, à la différence du crécerelle qui bénéficie d’un fort capital sympathie, « il a peu à peu retrouvé sa place aux côtés des hommes ». Leur présence est dûe en grande partie à la préservation du bâti ancien. « Plus une ville préserve son patrimoine bâti, plus il y a de chances que le Vivant réinvestisse les lieux », se réjouit Magali Constrasty. À l’inverse, « plus on détruit, plus on met en péril des espèces qui rendent des services gratuits à l’homme » et l’on se prive de bien belles rencontres…

Alexandrine Civard-Racinais

 


Où observer des milans noirs à Bordeaux ?
Quais de la Garonne, parc des Berges du nord, friches aux abords de la Rocade.
Où observer des faucons crécerelles à Bordeaux ?
Place Saint-Michel, Pont Chaban-Delmas, zones industrielles de Brazza et de Bacalan, abords de la Cité administrative et de la basilique Sainte-Marie (La Bastide), Parc bordelais.
A noter : L’association Pétronille et la LPO Aquitaine organisent une observation ce mercredi 17 avril 2019 à 14 heures, sur le parvis de l’abbatiale Sainte-Croix, pour découvrir les premières sorties des jeunes faucons accompagnés de leurs parents. Réservation obligatoire par mail : petronilleasso@free.fr Tarif : 5 euros.

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