Dans cette fiole, il y a suffisamment d'algues broyées et concentrées pour traiter 1000 m2 de vignes

Une algue pourrait peut-être remplacer la chimie pour lutter contre les maladies de la vigne. Immunrise, société bordelaise, tente de mettre son utilisation au point avec l’aide de viticulteurs qui la testent sur leurs vignes. En Charente, Christophe Brandy fait partie de ces pionniers.

Christophe Brandy est optimiste. Mais il est conscient que la route est longue : « A mon avis, il faudra attendre 5 à 10 ans avant que l’on puisse parler d’une commercialisation à grande échelle. » Le viticulteur de Saint-Saturnin, dans le Cognaçais a l’habitude des solutions miracles pour remplacer les pesticides chimiques. Il sait que beaucoup ne tiennent pas toutes leurs promesses.

Cela fait des années qu’il en teste mais là… il y croît un peu plus que d’habitude : « Ce qui est sûr, c’est que c’est plus sain et plus efficace que les différents traitements au cuivre de l’agriculture bio. Tout le monde l’attend mais ça ne va pas se faire en deux jours. »

C’est justement son expérience de bêta-testeur qui l’a conduit à rencontrer Laurent de Crasto et sa société Immunrise : « J’ai essayé plein de trucs qui ne marchaient pas très bien, même un produit américain non homologué qui fonctionnait plutôt pas mal. »

Pour le mildiou, incontournable champignon dévastateur du vignoble océanique, il est presque inévitable de traiter en préventif. Et beaucoup de viticulteurs préfèrent les moyens chimiques. Sauf qu’Immunrise annonce 100% d’efficacité sur le mildiou grâce à une micro-algue présente dans tout le Golfe de Gascogne.

Depuis sa création, la start-up bordelaise s’est lancée dans l’exploration des possibilités qu’offrent les centaines de milliers d’espèces d’algues présentes dans les océans. Et elle a mis la main sur l’une d’entre elles, l’Extrait D, qui produit une molécule détruisant les spores du champignon responsable du mildiou.

Bio-stimulant : l’algue sert d’engrais et fortifie le feuillage

Immunrise cherchait des viticulteurs qui voudraient bien la tester grandeur nature et contribuer à l’affinage de la formule du produit : « C’est une excellente idée d’associer les viticulteurs à la recherche. Dès le départ, j’ai constaté que son produit se mélange bien, ne colle pas. Et surtout qu’il a un effet bio-stimulant. »

En gros, en plus de combattre le mildiou, l’algue sert d’engrais et fortifie le feuillage : « La plante est plus forte, elle se défend mieux… » Un double effet, donc. En tous les cas sur la première année de tests.

Sur ses 43 hectares, Christophe Brandy a consacré 1000 m2 au test : « En 2017, ça a été très concluant. Mais l’année 2018 a été l’une des pires années de mildiou que j’ai connu. » En outre, sa vigne test a été grêlée et « j’ai testé un nouveau dosage, des nouveaux co-formulants (additifs complémentaires de la formule de base) et ce n’étaient pas les bons ».

Pour les neuf autres viticulteurs-testeurs rassemblés au sein du consortium Almamavi, l’année 2018 a aussi été compliquée. Mais l’extrait D tient encore la route et les essais vont se poursuivre.

Il faut encore qu’Immunrise trouve les moyens de se développer, notamment pour produire suffisamment d’algues pour répondre aux demandes. Avec la volonté farouche d’éviter les mastodontes de la chimie agricole.

Jean-Luc Eluard

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