Le Sud-Ouest n’a pas vu la queue d’un castor depuis plus de 300 ans. Mais depuis peu, il a été aperçu sur une commune basque. Début de recolonisation ? Que nenni, l’individu aurait sauvé sa peau lors d’une campagne d’élimination dans la vallée de l’Èbre, en Espagne. Sur les traces du plus gros rongeur d’Europe…

La piste démarre sur la commune d’Ustaritz, au sud de Bayonne. Au cours d’une balade le long de la Nive, Bertrand Couillens, un naturaliste de 37 ans, découvre en février 2018 des coupes d’arbres taillés comme des crayons. Pas de doute, Père Castor est de visite au Pays basque !

M2E1L0-0R350B300

Un visiteur extrêmement discret

Réaction en chaîne d’une science de plus en plus participative, le naturaliste prévient l’Association Cistude Nature qui alerte l’Office national de la chasse et de la faune sauvage (ONCFS). Verdict officiel : la présence d’un individu adulte est confirmée. Très discret, les premiers portraits de ce noctambule ne sont tirés qu’en novembre 2018 : un castor eurasien de 20 kg tout mouillé. Facile à reconnaitre : il ne porte pas la chemise à carreau rouge de son homologue canadien ! Filmé en pleine fringale, ce bucheron besogneux coupe les saules pour se régaler de ses feuilles et de son écorce.

La terrible histoire des « pairs » castors

Avant, il y avait des castors partout. Mais ça, c’était avant ! Convoité pour sa fourrure, sa chair et son huile musquée, ce mammifère d’eau douce est peu à peu décimé. Au début du XXeme siècle, seule une poignée d’irréductibles peuple la vallée du Rhône. Mesures choc : L’animal obtient le statut d’espèce protégée en 1968 et 26 réintroductions sont programmées. Mais aucune où le castor a trouvé refuge… « Il n’y avait pas de porteur de projet », déclare Xavier Horgassan de l’ONCFS. Dommage, cet « ingénieur de l’écosystème », comme le nomme Thomas Rhuys de Cistude Nature, participe à la protection de nos berges.

Un statut précaire de réfugié

Après une année de suivi, l’ONCFS n’a trouvé aucun indice de présence en amont ou en aval de la Nive. Père Castor est venu en célib’ ! Hypothèse la plus probable ? L’individu aurait fui lors d’un abattage massif en 2009, en Navarre. Il aurait traversé les Pyrénées et remonté les cours d’eau jusqu’à la Nive. Aujourd’hui, les autorités n’ont pas prévu de lui trouver des compagnons de fortune ni de classer son habitat de réfugié comme réserve naturelle.

Souhaitons-lui pour les années à venir… un long fleuve tranquille !

Sophie Nicaud

Newsletter Curieux !
Recevez chaque semaine la newsletter qui démêle le vrai du faux et aiguise votre curiosité !