Les défilés militaires font penser à la guerre froide ou à ces ultimes pays dirigés par des dictateurs aussi fous que furieux, qui lustrent leurs chars et lance-missiles pour impressionner.

Et pourtant, la France est elle-même adepte du défilé militaire lors du 14 Juillet, en grande pompe et toutes armes sorties. Et qui ose s’y attaquer verra les tenants de l’histoire, et même une majorité d’antimilitaristes, monter au front.

C’est la tradition. Point. Mais quelle tradition ? Le 14 juillet, nous fêtons l’acte le plus connu de la Révolution française : la prise de la Bastille. Pour être plus précis, dès 1790, La Fayette, alors commandant de la nouvelle Garde nationale, invite à ladite Fête de la Fédération (l’union du peuple) le peuple encore survolté. C’est donc logiquement en armes que la foule se masse sur le Champ-de-Mars. De cette pratique va naître le défilé militaire en bonne et due forme, et même en… uniforme.

Mais les années  suivantes, il n’y a pas de défilé comme on le connaît aujourd’hui. C’est le sentiment belliqueux et la guerre elle-même qui va l’instaurer. Ainsi, la IIIe République proclamée après la défaite de Sedan, en 1870, fait défiler son armée en 1880 pour montrer ses muscles et sa volonté de reprendre l’Alsace et la Lorraine avec une armée renforcée. Le sentiment national est à son comble, les bruits de bottes résonnent et s’impatientent.

Au lendemain de la Grande Guerre, c’est la « Fête de la Victoire » que l’on célèbre avec les armées alliées qui défilent jusque sur les Champs-Élysées. Après la tuerie de 1914-1918, on rend dès lors hommage à tous nos soldats tombés. Une symbolique qui perdure et qui en fait un intouchable défilé de la nation.

Symboliques qui sont régulièrement convoquées pour le défilé du 14 Juillet. En 1945, trois jours de fête ont lieu avant le 14 juillet. À la fin des années 50, les armes lourdes sont de sortie pour  montrer la force française et l’indépendance de la nation sur le plan international. En 1994, Mitterrand invite à son dernier défilé l’Eurocorps pour marquer la réconciliation franco-allemande : pour la première fois depuis 1945, des soldats allemands foulent les Champs-Élysées. Et, suivant les années, de nouveaux pays et leurs chefs d’État sont invités, en preuve de rapprochement ou d’amitié. Mais ensuite l’avenir dévoile parfois de nouvelles facettes de l’ordre mondial. Aléas de l’histoire…

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