En fait, le taureau s’en fiche comme de sa première corne. Il ne voit pas qu’en noir et blanc, comme on l’entend parfois, mais les couleurs, ce n’est pas son dada : sa rétine contient peu de cônes et beaucoup de bâtonnets.

Les cônes sont les cellules qui permettent de voir les couleurs et les bâtonnets servent plutôt à percevoir les mouvements ainsi que pour la vision nocturne. Ainsi, le taureau distingue des couleurs plutôt fades (il remarque bien le rouge, le jaune et le blanc) mais perçoit très bien le moindre mouvement. Ce sont donc toutes les simagrées du torero qui secoue sa nappe en face de lui qui lui tapent sur les nerfs. Deux ou trois banderilles dans le dos achèvent de le rendre furieux. Dernière chose : comme ses yeux sont très écartés, il ne voit rien en face de lui, ce qui permet au torero de faire le malin en se plaçant en plein axe en agitant sa muleta sur le côté.

En mesurant le nombre de cônes et de bâtonnets, leur concentration à certains points de la rétine, la taille et l’écartement des yeux, on sait que les animaux voient des mondes très différents. Étonnamment, l’humain est l’une des espèces qui perçoit le plus de détails. À l’inverse, l’abeille voit beaucoup moins bien mais peut distinguer plus de mouvements que nous : 300 images à la seconde, soit 5 fois plus que nous. Le chien, lui, est myope, même si cela varie selon les races. Pour le mouvement, en revanche, il est à 50 images par seconde contre 20 chez nous. De plus, il ne distingue pas le rouge : il a une vision dichromate, car il lui manque une des trois couleurs primaires. Mais il a un champ de vision à 240° contre 180° pour les humains. Le chat est lui aussi bigleux mais possède de nombreux bâtonnets, ce qui lui permet de bien voir la nuit et notamment les reliefs. Pratique pour un prédateur.

D’ailleurs, l’aigle est champion en la matière : grâce à l’extrême concentration des photorécepteurs dans sa fovéa (le point central de la rétine), ses yeux sont de vraies jumelles qui grossissent tout entre six et huit fois. À droite et à gauche, sa vision est plus limitée. Il voit très bien en relief et distingue les ultraviolets, qui lui permettent de repérer même les traces d’urine de ses proies.

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