Fini le rôle de simples potiches qui défilent sur le podium des créatures en voie de disparition ! Les espèces rares posséderaient des fonctions originales qui permettraient aux écosystèmes de « tourner » durablement

La 6ème extinction de masse de la biodiversité à laquelle nous faisons face aujourd’hui est provoquée, non par un cataclysme naturel mais par un raz-de-marée humain qui dévaste tout sur son passage. Devant ce « triste topic », les scientifiques ont cherché à connaître le rôle des espèces rares, qui, le plus souvent, sont les premières à disparaître. Après une longue période de controverse, deux études scientifiques mettent à mal leur rôle de simple figurant.

Des espèces rares aux fonctions précieuses

Rares, vous avez dit rares ? Entendez par là les espèces présentes en faible nombre et/ou sur une petite surface dans un écosystème. Si ces dernières ne font pas le poids face aux espèces dominantes pour la fonction biomasse, elles feraient preuve d’originalité avec des combinaisons exceptionnelles de compétences fonctionnelles ! C’est ce que démontre une étude publiée en 2013 dans la revue PLOS Biology. Dans la forêt tropicale de Guyane, le Pouteria maxima en est la preuve. Cet arbre massif présente une résistance au feu et à la sécheresse peu commune. Quand un incendie sévit, il recolonise son écosystème.

L’union fait la force !

En avril 2019, des chercheurs de l’INRA et du CNRS vont plus loin. Cent vingt-trois écosystèmes arides sont regardés sous toutes leurs coutures. Un focus sur l’ensemble des fonctions qu’un écosystème mène de front comme par exemple sa productivité biologique, sa capacité à transformer les nutriments ou sa capacité de rétention d’eau.

Résultat ? De la savane africaine à la pampa, les écosystèmes qui s’en sortent le mieux sont ceux qui présentent un grand nombre d’espèces rares. Leur effet conjugué semble être la formule gagnante, d’autant plus si ces fonctions sont le résultat d’une histoire évolutive diversifiée, dixit l’étude de parenté.

Protéger la biodiversité pour préserver les sols

Aucun doute : pour être durable, un écosystème se doit d’être multifonctionnel. Préserver les espèces rares qui participent à l’ensemble de ses processus devient donc crucial. Auraient-elles un effet papillon ? C’est ce qu’affirme le GIEC dans son rapport spécial sur les sols publié cet été. Oui, une gestion durable des sols aiderait à faire face au changement climatique !

Alors les espèces rares ? Petites par leur nombre mais grandes par leurs effets.

Sophie Nicaud

 

Image : le dendrolague, un animal en voie d’extinction.

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