La start-up Irisiôme, basée à Talence, conçoit des lasers spécialisés dans le détatouage, pratique qui pourrait concerner 20 % des tatoués, qui regrettent. Moins douloureuse qu’un laser classique, et avec une durée de traitement et des effets secondaires moins importants, cette technique d’avant-garde attire dermatologues et dermo-esthéticiens.

Cœurs transpercés d’une flèche, portrait de Johnny, initiales sur les bras ou la nuque… Environ 1 Français sur 5 est tatoué. Pourtant 20 % d’entre eux regrettent le dessin qui leur colle à la peau, s’en lassent ou souhaitent le faire effacer pour des raisons professionnelles… Ils se tournent alors vers des dermatologues équipés de lasers capables d’effacer ces encres indélébiles. Des appareils qui commencent à être un peu obsolètes. La technique est douloureuse, fastidieuse, nécessite plus d’une dizaine de séances parfois et présente des effets indésirables (brûlures, infections, hypo ou hyperpigmentations, mauvaise cicatrisation…).

Des impulsions ultra-courtes qui détruisent l’encre mais pas la peau

Romain Royon, le directeur de la start-up Irisiôme, espère élargir le champ d'action de l'appareil iMPulse à d'autres applications que le détatouage. ©Florence Heimburger

Romain Royon, le directeur de la start-up Irisiôme, espère élargir le champ d’action de l’appareil iMPulse à d’autres applications que le détatouage. PHOTO Florence Heimburger

Fort de ces constats, le trentenaire Romain Royon, alors thésard au Centre lasers intenses et applications (CELIA) à l’Université de Bordeaux, crée en 2015 la société Irisiôme pour développer un appareil plus avancé à destination des dermatologues et médecins esthétiques.

« Après trois ans de recherche et développement, nous avons mis au point « iMPulse », un appareil doté d’un laser pourvu de fibres optiques. Il délivre des impulsions ultra-courtes (plusieurs dizaines de picosecondes à 1064 nm de longueur d’onde) qui détruisent l’encre mais pas la peau », explique le directeur et président de la jeune pousse de 13 salariés (dont des ingénieurs, docteurs et professionnels de santé) basée à l’Institut d’Optique d’Aquitaine à Talence. Après des essais cliniques fructueux au Centre hospitalier universitaire de Nice, un premier prototype voit le jour en août 2018. Les scientifiques travaillent conjointement avec des dermatologues pour améliorer les performances du dispositif. Après plusieurs perfectionnements de la machine, celle-ci a été commercialisée en août 2019, et trois unités ont d’ores et déjà été vendues ou louées.

Bientôt une ouverture à l’international et d’autres applications

Les avantages sont nombreux : la technique permet d’enlever des tatouages sur différents types de peau, en limitant les effets secondaires et douleurs lors des séances. En outre, les séances sont espacées de 3 semaines contre 2 mois avec les techniques classiques, ce qui diminue la durée du traitement.

Prochaines étapes : « Une commercialisation à l’international et un élargissement des applications à l’épilation définitive, aux taches de vieillesse, aux anomalies vasculaires (varicosités, angiomes…) et aux brûlures induites par une radiothérapie », nous confie Romain Royon tout sourire et certain d’avoir trouvé un marché porteur.

Florence Heimburger

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