Présence importante de micro-plastiques dans les neiges des Pyrénées, pics de pollution aux microparticules, augmentation des concentrations en ozone dans certains massifs alpins… Le doute s’installe. Aller à la montagne pour respirer un bon bol d’air pur n’est-il plus qu’un mythe ?

 

L’étude est sortie, au printemps dernier, issue des travaux du CNRS de Toulouse. Après l’analyse d’échantillons de pluie et de neige à 1400 mètres d’altitude en Ariège durant l’hiver 2018, les chercheurs ont détecté la présence très importante de micro-plastiques, 365 particules par m2 et par jour, soit une concentration similaire à celle qu’on peut retrouver dans des grandes villes comme Paris ou dans des métropoles chinoises.

« D’autres études menées en Antarctique et dans les Alpes ont montré des résultats similaires, avec une présence non-négligeable de micro-plastiques dans la neige et la pluie. Il a également été montré que l’on trouve, dans les zones montagneuses, une déposition accrue de mercure et de plomb (par exemple au Tibet) ou d’éléments radioactifs comme dans le Mercantour après l’accident de Tchernobyl », décrit Gaël Le Roux, biogéochimiste à EcoLab de Toulouse.

Les pluies, en montagne, entraînent plus efficacement les contaminants

La tourbière de Bernadouze, en Ariège, sous la neige. Malgré ce paysage paisible, l’histoire de cette tourbière et du Haut Vicdessos est ancienne. La tourbière en porte encore les stigmates et enregistre en son sein plusieurs millénaires d’histoire métallurgique. La neige qui recouvre cette tourbière n’est pas exempte de pollution : les chercheurs d’EcoLab et de l’Université de Strathclyde en Ecosse y a mis en évidence des microplastiques.

Les montagnes ont bel et bien des particularités augmentant les dépôts de polluants au sol. En cause : leur relief. Ces dépôts spécifiques aux montagnes sont appelés dépôts orographiques. Les nuages bloqués par le relief montent en altitude, et au contact de températures plus froides, se transforment en pluie ou neige.

Les précipitations, en montagne, sont de fait plus nombreuses et plus fortes (avec de grosses gouttes) et les contaminants se retrouvent alors davantage « piégés ». Plus il pleut, plus les particules sont lessivées. « C’est la même chose pour les poussières sahariennes : celles-ci sont souvent déposées sur les manteaux neigeux des Alpes et des Pyrénées car c’est à ces endroits que les panaches de poussières sahariennes ont rencontré les premières précipitations.», ajoute Gaël Le Roux.

Une pollution accrue pour les vallées « cuvette »

Reste qu’il faut éviter toute généralisation. Il n’y pas de miracle. Si une montagne est située près d’une grande ville, d’usines ou d’axes routiers, la qualité de l’air respiré sera forcément impactée. On peut également connaître des pollutions liées à la topographie du lieu, notamment si une vallée est située dans une « cuvette », comme en Europe centrale, dans les montagnes tchèques ou dans les vallées alpines. « Avec le phénomène d’inversion thermique spécifique aux vallées de montagne, l’air reste bloqué, ne se renouvelle pas et la pollution est accrue, d’où ces dépassements parfois des normes de poussières dites PM10 (microparticules) », précise Gaël Le Roux.
Le scientifique ajoute : « l’air est plus pur en haute altitude, mais pour autant la pollution atmosphérique impacte les vallées de montagne. Désormais, les moyennes altitudes sont aussi  impactées parfois par des masses d’air provenant des métropoles. Et le développement effréné de celles-ci n’augure pas forcément une amélioration de la qualité de l’air. »

Marianne Peyri

 

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