S’il y a un secret bien conservé par les dieux, c’est celui de la pousse des champignons. Il ne suffit pas de pénétrer en forêt sur les sentiers les plus inaccessibles pour trouver le Saint Graal du promeneur.

La biologie du champignon est en général assez complexe, ce qui explique que les jardiniers du dimanche n’en fassent
pas pousser à l’envie dans leur carré potager. Surtout, les champignons sont très différents les uns des autres. Globalement, ils ont besoin d’un substrat, d’eau en quantité et d’une belle luminosité… comme la salade et tous les légumes. Sauf que le champignon est plus délicat, et sa reproduction plus hasardeuse.

Au risque de bousculer dans leurs certitudes les cueilleurs de cèpes qui veillent à laisser la base de la tige dans le sol, le mycélium qui donnera naissance au champignon provient en réalité du chapeau. Plus exactement du dessous du chapeau, d’où s’échappent des spores qui tombent au sol et lancent la production dudit mycélium, qui, se croisant avec d’autres, donnera un carpophore, c’est-à-dire la partie visible du champignon, celle qui intéresse le gourmet.

Deux tiers des champignons apparaissent à l’automne, car il faut que le mycélium soit malmené, via un choc thermique, un stress hydrique, pour déclencher la pousse. Les condition préalables sont celles-ci : un sol réchauffé par un bel ensoleillement de plusieurs jours et, soudain, une belle pluviométrie.
Dans le cas de notre roi des forêts, le cèpe, fin septembre et une partie des mois d’octobre et de novembre (et de décembre, de plus en plus) sont des périodes idéales, car ce champignon préfère des sols chauds d’une quinzaine de degrés et une pluviométrie abondante pour lancer sa pousse, qui prendra une dizaine de jours. Attention, il doit avoir du soleil pour sa croissance, mais ne doit pas être trop exposé non plus, car Monsieur n’aime pas le vent. Un fourré, une clairière protégée, une bonne dose de chance météorologique… et le tour est joué.

En ce qui concerne la reine, la truffe du Périgord, le mystère de sa pousse reste assez épais, même si, connaissant de mieux en mieux son biotope, on peut encourager le hasard.
Comme tous les champignons, il lui faut un sol particulier. Pour Tuber melanosporum, c’est un terrain calcaire ou argilo-calcaire. Le tout dans une région où les gelées printanières sont rares et où les orages estivaux permettront d’apporter l’eau nécessaire sans noyer la truffe, grâce un bon drainage du sol. Ces conditions étant rassemblées, il lui faut son principal partenaire : l’arbre, avec qui elle vit en symbiose grâce à un réseau de mycélium complexe.
Ne naît pas champignon qui veut…

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