coquille d'huître

N’en jetez plus ! Les coquilles d’huîtres se recyclent sous de multiples formes. Installée prés de La Rochelle, l’usine Ovive est la seule entreprise française spécialisée dans la valorisation des coquilles d’huîtres. Elle produit notamment de la poudre de coquilles destinée aux poules.

Dans l’huître, rien ne se perd tout se transforme. Telle pourrait être la devise de la société Ovive, installée à Périgny depuis 1988. Tout au long de l’année, elle récupère et valorise les « déchets » coquillers des professionnels et des particuliers.

Le tri sélectif des coquilles d’huîtres progresse

Cette année encore, les habitants des communes situées dans le nord du département et sur l’Île d’Oléron pourront apporter leurs reliefs de repas de fête en déchetteries. Celles-ci se chargeront ensuite de les acheminer à Ovive en vue de leur valorisation. « Les déchets emmenés par les particuliers représentent seulement 8 % de notre collecte, mais ce pourcentage augmente d’année en année » souligne Jean-Luc Saunier, co-fondateur d’Ovive.

La Communauté urbaine de Rochefort, la Rochelle, le sud de la Vendée se mettent au tri sélectif de coquilles d’huîtres et le nord-Gironde a aussi manifesté son intérêt pour cette alternative à l’incinération. Pour l’heure, l’essentiel des déchets coquillers traités par Ovive provient de la filière ostréicole charentaise et girondine « 30 % des huîtres collectées arrivent du bassin d’Arcachon ».

coquilles d'huîtres

Près de la moitié des quelques 150 000 huîtres produites chaque année en France sont consommées au moment des fêtes. Les reliefs de nos tables viendront grossir les montagnes de coquilles qui constituent la matière première d’Ovive. PHOTO Ovive

En 2018, Ovive a collecté 5 400 m3 de coquilles d’huîtres et commercialisé 2200 tonnes de produits coquilliers.

De l’huître à la poule

À leur arrivée sur le site, les coquilles collectées sont à l’air libre durant plusieurs semaines avant d’être traitées dans la chaîne de valorisation. Elles y «  subissent un traitement thermique suffisant pour éliminer les micro-organismes indésirables. Elles sont ensuite concassées, tamisées et ensachées, pour être commercialisées sur le marché de l’alimentation animale ». Ce dernier représente 80 % des débouchés de l’entreprise.

Les écailles de coquilles d’huître sont particulièrement prisées des éleveurs bio de poules pondeuses ou des particuliers. Riches en carbonate de calcium (calcaire) d’origine marine, elles constituent un apport essentiel pour les poules pondeuses qui ont besoin d’ingérer 6 grammes de calcaire par jour en période de ponte. Cela leur permet de conserver une ossature solide tout en produisant de beaux œufs. Et la demande, liée au boom des élevages bio, connaît une forte progression.

Quand l’huître retourne à la mer

Quant aux brisures de coquilles, elles peuvent être utilisées pour… faire naître d’autres huîtres. Vingt jours environ après la ponte, la larve d’huître creuse arrive au stade œillée. Elle se met alors en quête d’un support solide. Une fois celui-ci trouvé, elle s’y colle et développe sa coquille. C’est là qu’intervient la microbrisure d’huître qui représente « le support le plus adapté », et sans doute le plus naturel, pour cette opération.

« C’est aussi une façon de boucler la boucle », se réjouit Jean-Luc Saunier, pionnier de l’économie circulaire depuis 1988. Cette technique de captage en milieu contrôlé des larves d’huîtres a été mise au point avec une écloserie de l’Île de Ré. Les brisures d’huîtres dûment calibrées s’exportent maintenant au Canada ou en Corée du Sud. Et « c’est tout de même mieux que ce soit un morceau de coquille d’huître qui retourne à la mer plutôt que du plastique ! ».

Alexandrine Civard-Racinais

* Ovive est membre de Biotop, éco-réseau d’entreprises pour l’écologie industrielle dans la Communauté d’Agglomération de La Rochelle.

 

Des utilisations multiples et méconnues

Seules ou mélangées à d’autres coquilles marines, les huîtres peuvent être utilisées en décoration dans les parcs ou jardins en tant que paillage ou mulch.
Broyées et concassées, elles trouvent de multiples utilisations en animalerie : sable de fond de cage et écailles pour les éleveurs d’oiseaux, gravier naturel pour tapisser les aquariums…. Les maraîchers et les viticulteurs bio utilisent également des poudres de coquilles d’huître pour amender les sols.
Par ailleurs, la partie nacrée de l’huître, une fois séparée de la coquille, trouve des débouchés dans des domaines très variés comme l’industrie des peintures ou les plastiques moulés.

 

Le béton-coquiller, béton du futur ?

l’Esitc, école caennaise d’ingénieurs des travaux de la construction, a mis au point un béton-coquiller à base de coquilles recyclées. Ce matériau novateur a d’ores et déjà permis la production de pavés drainants (projet Vecop) et de récifs artificiels (projet Recif) destinés à favoriser la biodiversité marine. Une sorte de… retour à la source en quelque sorte.

 

 

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