traumatisme

Les personnes présentant des troubles de stress post traumatique sont atteintes d’une pathologie particulièrement invalidante, durable et sujette à de nombreuses rechutes. S’il n’existe aujourd’hui aucun traitement, une piste se dégage avec le remodelage émotionnel. Peut-on guérir avec de faux souvenirs ?

Dans une publication de janvier 2020, Pascale Gisquet-Verrier et son équipe de l’Institut des neurosciences (1) de Paris-Saclay ont montré qu’il était possible de guérir des rats atteints de TSPT. Comment ? Elle répond à Curieux.live

« Nous injectons aux animaux de l’ocytocine, une hormone connue pour réduire l’anxiété puis nous réactivons le souvenir traumatique grâce à un élément du contexte traumatique, un son ou une odeur. La molécule a pour effet de baisser le niveau émotionnel associé au souvenir. Un nouveau (faux) souvenir, avec une composante émotionnelle atténuée se substitue alors au souvenir traumatique. C’est un succès car 83 % des animaux ne présentent plus de symptômes comme l’anxiété ou l’hyperactivité. Et l’imagerie cérébrale a montré une réparation des zones cérébrales altérées (2). Pour l’homme, l’ocytocine pourra être délivrée simplement par un spray nasal. Nous sommes actuellement en recherche de financement pour lancer un essai clinique sur l’homme. »

La validation des thérapies brèves comme la PNL ou l’EMDR

«  Comme Mr Jourdain, nous redécouvrons la prose ! Les thérapies brèves comme la PNL, l’EMDR ( désensibilisation et retraitement par les mouvements oculaires) ou l’hypnose utilisent depuis quelques dizaines d’années des outils qui modifient les souvenirs des patients. Ils les plongent dans un état décontracté, déconnecté puis modifient ensuite certains paramètres de leur souvenir pour en diminuer l’impact émotionnel. Nous venons d’en faire la preuve de concept (scientifique) ».

Un changement de paradigme sur les souvenirs

« Nous remettons en cause une hypothèse vieille de plus de 50 ans. Aujourd’hui, beaucoup de chercheurs qui travaillent sur la mémoire pensent que les souvenirs se construisent graduellement et suivent de longues étapes de consolidation avant d’être définitivement fixés. Or nos travaux montrent qu’un souvenir devient malléable et susceptible d’intégrer de nouvelles informations pendant sa réactivation. Et c’est une opportunité pour les thérapeutes puisque que c’est la dernière version qui est prise en compte par notre cerveau. »

Pour la chercheuse, l’approche médicamenteuse serait plus efficace et plus rapide que les thérapies brèves. D’autres molécules sont à l’étude, comme l’ecstasy.

Souvenirs, souvenirs…

 

Propos recueillis par
Sophie Nicaud

(1) Étude publiée dans Nature

(2) Chez le rat, un stress intense diminue la longueur des dendrites, ces prolongements des cellules nerveuses qui servent à se connecter aux autres neurones. Chez l’homme, on observe chez les personnes atteintes de TSPT, une diminution de la taille de l’hippocampe, impliqué dans les processus de mémorisation et une augmentation de l’amygdale, qui gère les émotions.

 
Image par Foundry Co de Pixabay

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