outarde canepetiere

La dernière population européenne d’Outarde canepetière migratrice se concentre aujourd’hui dans les plaines céréalières du Centre-Ouest de la France. Depuis 2015, le centre d’élevage conservatoire de Zoodyssée participe activement à la conservation de cette espèce en grand danger d’extinction

En ce début septembre, Oriane Chevasson piaffe d’impatience. Non dans l’attente de la rentrée, mais bien… de la sortie de ses petits pensionnaires. Car plusieurs jeunes outardes canepetières, nées cet été au sein de l’élevage conservatoire dont Oriane assure la co-direction, s’apprêtent à rejoindre leurs congénères sauvages.

Chronique d’une disparition annoncée ?

Depuis quelques semaines, adultes et jeunes de l’année se regroupent dans les plaines cultivées du Centre-Ouest. Ils y resteront jusqu’à mi-octobre avant de regagner leurs quartiers d’hivernage en Espagne et au Portugal. Mais leurs troupes sont bien clairsemées. Entre 1980 et 2016, la population du Centre-Ouest est passée de 6 400 mâles chanteurs à 313. Sur la façade atlantique, l’habitat de prédilection de cet oiseau des plaines n’existe plus que sur certains sites de l’ex Poitou-Charentes, des Pays de la Loire et du Centre. Partout ailleurs, l’intensification des méthodes agricoles a eu raison des friches et des jachères qui lui étaient favorables.

Apporter du sang neuf

Aussi l’un des objectifs du troisième plan national d’actions en faveur de l’Outarde canepetière (2020-2029) vise à « renforcer les populations migratrices » par le lâcher de jeunes outardes issues d’élevages conservatoires. « L’objectif est d’arriver d’ici 2023 à lâcher 100 jeunes par an », précisent les rédacteurs du plan. Ce, grâce à l’expertise développée par le Centre d’élevage de Zoodyssée, fort de quarante adultes reproducteurs, et la montée en puissance d’un second centre d’élevage au sein du Parc animalier de la Haute Touche (36).

A partir du mois de mai « les œufs sont collectés très régulièrement pour maximiser les pontes de remplacement ». Ils sont ensuite placés en incubateurs pendant 21 jours. PHOTO Oriane Chevasson

A leur naissance les poussins sont élevés à la main pendant 7 jours. « Un véritable sacerdoce, car il faut les nourrir du matin au soir toutes les 1h30 ». Ils seront ensuite progressivement « désimprégnés » de l’humain en vue de leur lâché. Depuis 2016, 226 poussins sont nés au Centre. PHOTO O.C.

A partir de 70 jours, les jeunes sont prêts à être lâchés. Le site est choisi avec les partenaires scientifiques du Centre, notamment l’équipe CNRS de Chizé. Ceux-ci assurent aussi le suivi post-lâché. Entre 2017 et 2019, 90 jeunes sont venus renforcer la population migratrice d’Outarde canepetière. PHOTO Philippe Wall

Cet objectif représente un véritable défi car « l’Outarde canepetière est une espèce compliquée à élever » relève Oriane Chevasson. Mais la passion et la patience paient ! Les poussins nés cet été au Centre d’élevage batifoleront bientôt dans les plaines céréalières jouxtant la forêt de Chizé. Avant de s’envoler pour leur première migration. C’est dire si le prochain lâcher est attendu avec impatience par Oriane et son équipe : « c’est le point d’orgue de notre travail ! Nous ne sauverons pas l’espèce à nous seuls, mais c’est notre façon d’apporter nôtre pierre à l’édifice ».

Alexandrine Civard-Racinais

Photo d’ouverture Oriane Chevasson

Zoodyssée : la faune européenne et française mise à l’honneur

Afin d’assurer le bien être des animaux, l’élevage conservatoire des outardes canepetières n’est pas accessible au public. En revanche, huit outardes sont visibles dans la partie du parc Zoodyssée baptisée « l’odyssée des campagnes », afin que les visiteurs puissent se familiariser avec ce bel oiseau, discret et méconnu. Le parc présente 800 animaux représentatifs de la faune sauvage européenne. Implanté au cœur de la forêt domaniale de Chizé, il est géré par le Conseil départemental des Deux-Sèvres.

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