Régulièrement, on nous assène qu’il faut manger beaucoup le matin, un peu moins le midi et peu le soir. Un nutritionniste en vogue a même théorisé un vieux dicton qui parle de « petit-déjeuner comme un roi ». Mais est-ce vraiment pertinent ?
Ah le « bon sens » du gros petit-déjeuner… On appelle ça la chrono-nutrition et c’est Alain Delabos qui a théorisé ça en 1986. Sur le papier, c’est logique. Il préconise de faire des petits-déjeuners bien roboratifs, pleins de lipides et de sucres.
Le principe : comme c’est en début de journée et qu’on va fatalement éliminer tout ça, ça ne fait pas grossir puisque cela n’est pas stocké par l’organisme qui s’en sert pour puiser son énergie. S’en suivent un déjeuner féculents-protéines, un goûter qui permet de tenir le coup et un dîner léger, plutôt à base de produits que le corps ne stocke pas (fruits et légumes…).
Le tout est empaqueté dans une théorie sur l’horloge biologique et le moment où le corps produit telles ou telles enzymes plus ou moins favorables.
Bon pour le surpoids
En gros, c’était la mise en diététique de ce que font les pays nordiques de manière traditionnelle : manger bien et gras le matin et aller decrescendo. Après, c’est selon les goûts mais des études ont montré que l’efficacité de ce régime pour garder son poids de forme est limitée. Seules les personnes déjà en surpoids y trouvent un avantage diététique selon une étude de 2014 de l’université de Tel Aviv.
Cela étant, tout n’est pas à jeter : il a été prouvé que les sucres rapides avalés le matin accroissent l’attention alors qu’ils la diminuent dès midi. Et qu’effectivement, les graisses du matin sont brûlées facilement dans la journée alors qu’elles sont stockées le soir. La régularité métronomique des repas, préconisée par Alain Delabos, a également des vertus même si elle est contraignante.
L’idole des jeûnes
Mais à mille lieux de la chrono-nutrition et de son bon petit-déjeuner, on ne jure plus désormais que par le jeûne. Mieux même, pour ceux que la perspective de ne pas manger de la journée effraie, le jeûne séquentiel. Il consiste à ne pas manger pendant 12 à 16 heures pour permettre au foie de se reposer. En gros, le plus simple est de sauter le petit-déj’ puisque avec la nuit de sommeil, c’est plus simple de tenir les 12 heures minimum.
Selon certaines études, un jeûne de 16 heures permettrait de diminuer les risques cardio-vasculaires, le diabète et par la même occasion, de maigrir sans faire de régime à proprement parler. Chez les personnes obèses, il serait même préférable à un régime basse calorie car moins contraignant. Mais comme la nutrition est sans doute ce qui se fait de plus inconstant en sciences, une autre étude montre que sauter le petit déjeuner multiplie par 4,5 le risque d’être obèse. Ou alors ce sont les obèses qui sautent le petit-déj’ 4,5 fois plus que les autres. Mystère…
En fait, chacun doit pouvoir trouver ce qui est bon pour lui. Toutes les manières de manger ne remplacent pas des menus équilibrés et un peu d’exercice.
Jean Luc Eluard
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