coverageBackground image of microscope and test tubes on table in modern science laboratory

Lancée en avril par le CHU de Bordeaux, l’étude qui vise à trouver un traitement précoce contre le virus essaime partout en France. Bilan et perspectives avec le docteur Xavier Anglaret, médecin interniste, directeur d’une équipe de recherche Inserm* sur les maladies infectieuses à l’Université de Bordeaux.

À virus inconnu, recherche inédite. En avril dernier, le CHU de Bordeaux a lancé un projet unique en France, en plein dans la première vague de Covid-19, pour trouver un traitement et désengorger l’hôpital. L’idée : créer dans un gymnase un centre de recherche médicale regroupant une soixantaine de médecins de ville, internes, étudiants hospitaliers, pharmaciens, infirmiers, universitaires et personnel administratif pour mener l’essai Coverage. Cet essai devait tester l’efficacité de plusieurs médicaments pour traiter la Covid-19 chez des personnes âgées de 60 ans et plus (les plus « vulnérables » à ce virus) dont les symptômes remontaient à moins de 5 jours.

Deux nouveaux traitements dont un par inhalation

Quel est le bilan, plus de 6 mois après le lancement ? « Sur les 4 traitements de départ, trois ont été abandonnés, dont la fameuse hydroxychloroquine », raconte le docteur Xavier Anglaret, médecin interniste, directeur d’une équipe de recherche au centre Inserm 1219 de l’Université de Bordeaux. « Cela n’est pas étonnant : nous avions peu de chances de trouver du premier coup, parmi les médicaments existants, une molécule efficace contre un virus émergent. Pour notre essai, nous conservons actuellement l’antihypertenseur Telmisartan et allons prochainement intégrer deux autres nouveaux traitements, dont un avec une administration par inhalation. »

4 autres centres « Coverage »

Une équipe mobile médicale, composée d’une externe étudiante en pharmacie (Pauline Christian, à gauche), d’un médecin (Cécile Dubourdieu, au centre) et d’une infirmière (Oriane Bouissière, à droite), part en visite de suivi au domicile d’un patient participant à l’essai. ©Clémence Bonnier-Coordination Coverage

Une équipe mobile médicale, composée d’une externe étudiante en pharmacie (Pauline Christian, à gauche), d’un médecin (Cécile Dubourdieu, au centre) et d’une infirmière (Oriane Bouissière, à droite), part en visite de suivi au domicile d’un patient participant à l’essai. PHOTO Clémence Bonnier-Coordination Coverage

Autre difficulté : l’épidémie fluctue. De mai à juillet 2020, l’équipe Coverage a attendu les cas, qui ne sont pas arrivés. Depuis le mois d’août 2020, il y a de nouveau des malades et actuellement l’essai recrute environ un volontaire par jour. « Les médecins traitants jouent bien entendu un rôle central », indique le médecin. Autres soutiens de poids, une coordination nationale a été mise en place sous l’égide du ministère de la Santé, et l’initiative a essaimé à Toulouse, Bastia, Dijon, Nancy et bientôt cinq autres villes.

 

« Il faut au minimum 30 personnes par médicament, pour évaluer d’abord la tolérance et la faisabilité. Ensuite, pour jauger l’efficacité, il en faudra plusieurs centaines, explique le spécialiste. Le recrutement dépendra de l’évolution de l’épidémie. J’espère bien qu’elle va décliner. Mais la forme qu’elle va prendre dans les mois qui viennent est… imprévisible », souligne le docteur Anglaret.

*Institut national de la santé et de la recherche médicale

Florence Heimburger

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