vidéo authenticité

Isabelle Martin, déléguée académique à l’éducation aux médias d’information au Centre de liaison de l’enseignement et des médias d’information (CLEMI) de Bordeaux, avance quelques pistes de réflexion pour évaluer la véracité d’une vidéo. 

« C’est une question qui nous est souvent posée, on sent un réel besoin de “remettre de l’ordre dans le désordre”. La démarche commence par identifier la personne ou le média qui a mis en ligne ou produit cette vidéo : ce n’est pas si simple, notamment pour les plus jeunes, tant les producteurs de contenus sont nombreux sur les réseaux sociaux.

Nous conseillons donc d’acquérir des réflexes simples, grâce à une petite méthodologie. Il s’agit d’essayer d’identifier d’où vient l’information et de s’interroger là-dessus. Dernièrement, par exemple, nous étudiions un cas d’espèce sur un site qui annonçait une attaque de requins au Pays basque. En regardant ses mentions légales, il était clairement écrit qu’il s’agissait d’un média parodique.

Ensuite, il faut se demander si l’émetteur de l’information est connu ou pas. Si c’est un compte amateur avec très peu de followers, il y a plus de chances que l’information ne soit pas vraie. Il faut aussi s’interroger sur la nature de l’information ; plus elle est anxiogène, plus elle circule, donc plus il faut se méfier. 

« Un référentiel de médias » 

Notre travail consiste aussi à expliquer qu’une image n’est pas une preuve, et donc à inciter à faire une recherche inversée avec une photo ou une capture d’écran. Enfin, on constitue un référentiel de médias. Le Monde, Sud Ouest, France Bleu par exemple, peuvent et doivent être considérés comme des références solides. Nous expliquons comment ils construisent l’information, en abordant notamment le thème des « 5 W », de l’anglais « what who where when why », ou en français : « quoi qui où quand pourquoi », précisions que l’on retrouve en général dès le début de la vidéo si elle est faite par des professionnels.

On tente aussi de sensibiliser à la question du point de vue : un journaliste est forcément subjectif, d’autant que les contraintes de temps l’y obligent. Dans une vidéo d’une minute, on ne peut évidemment pas tout dire. Et quand il est établi qu’une vidéo est fausse, nous sensibilisons également à la question de l’intention : a-t-on voulu faire rire ? Commis une erreur ? Ou voulait-on sciemment faire passer des idées complotistes, par exemple ? »

Retrouvez toutes les interviews de notre série sur l’esprit critique : lire ici.

Propos recueillis par
Jean Berthelot de La Glétais

 

Avec le soutien du ministère de la Culture

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