Comment économiser de l’énergie ou éviter d’en gaspiller ? Cette question, au cœur des défis qu’il nous faut relever, a déjà été résolue par les requins, les crabes ou encore les termites. Car de nombreuses solutions peuvent nous être inspirées par la nature

« Le vivant innove en permanence depuis 4 milliards d’années » rappelle le biologiste Gilles Bœuf, président de Ceebios, dans sa préface à l’ouvrage d’Emmanuelle Pouydebat Quand les animaux et les végétaux nous inspirent, dont ces trois exemples sont tirés. Mieux encore « il fait tout avec une énorme parcimonie. Enfin, il ne maximise jamais, il optimise en permanence. »

1- Économe en énergie comme un requin

Comment réduire les frottements avec l’eau pour gagner en vitesse tout en perdant le moins d’énergie possible ? En s’inspirant de la peau du requin-Mako (Isurus oxyrinchus) et des autres squales. Leur épiderme est en effet recouvert de millions de denticules microscopiques dont la disposition et la flexibilité contrôlent le flux de circulation de l’eau sur leur corps, réduisent ainsi les turbulences. « Ces structures leur permettent de nager à moindre coût » souligne Emmanuelle Pouydebat, directrice de recherche au Cnrs. Leur nage s’en trouve optimisée, à un coût réduit !

2- Économe en produits nettoyants comme un crabe

Comment prévenir l’encrassement biologique des coques des bateaux, qui limite leur vitesse et induit des surcoûts ? En imitant le tourteau (Cancer pagurus), le plus gros crabe de notre littoral. Sa carapace présente en effet une microstructure qui empêche les bernacles d’y adhérer. La découverte de ce système d’auto-nettoyage « a inspiré des revêtements de bateaux qui s’auto-débarrassent des salissures », évitant ainsi une immobilisation et l’emploi de biocides nocifs.

3- Gestionnaire de flux thermiques comme une termite

Comment maintenir une température constante dans une habitation et limiter la consommation énergétique ? En imitant les termites africaines (Macrotermes michaelseni) qui arrivent à maintenir une température constante de 31°C dans leurs termitières en dépit de grands écarts de température entre le jour et la nuit (de 2 à 42°C). Leur secret ? Une bonne « gestion du flux d’air assurée par des volets d’aération qui s’ouvrent et se ferment grâce à des structures fongiques ! » s’enthousiasme la chercheuse.

L’air chaud s’évacuant vers le haut dans la journée et la chaleur se diffusant vers le bas durant la nuit. Un secret… éventé, et une technique utilisée avec succès par l’architecte Mick Pearce pour la construction de l’Eastgate Building à Harare (Zimbabwe).

Alexandrine Civard-Racinais

A lire :

Quand les animaux et les végétaux nous inspirent, par Emmanuelle Pouydebat (Odile Jacob, 2019)

Pour tout savoir sur le biomimétisme…

  • « Agir par, avec et pour le vivant », tel est le crédo des experts et acteurs du biomimétisme, champ de recherche interdisciplinaire prenant la nature pour modèle afin de relever les défis du développement durable (social, environnemental et économique).
  • La sixième édition de Biomim’expo, grand rendez-vous du biomimétisme et des innovations bio-inspirées», se tiendra le 19 octobre 2021, après une escale en septembre à Marseille, en marge du congrès mondial de l’UICN

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