Cheetah, Acinonyx jubatus, South Africa, Africa

Et si l’on arrêtait de distinguer crise climatique et crise de la biodiversité ? Car ces deux crises sont liées, et leurs effets se cumulent. Voici pourquoi

Un Martien fraîchement débarqué sur notre planète et tentant de se faire une idée des difficultés rencontrées par les humains pourrait naïvement penser que nous sommes confrontés d’une part à une crise climatique et de l’autre à une crise de la biodiversité. Car ces problématiques ont jusqu’à présent été traitées de manière distinctes. Au point de faire l’objet de plans nationaux séparés (Plan Climat / Plan Biodiversité), et de discussions internationales cloisonnées. La COP 26 sur le Climat, qui s’ouvrira le 30 octobre à Glasgow (Écosse), s’intercale ainsi entre deux phases de négociations menées dans le cadre de la  COP 15 sur la biodiversité qui se tiendra du 25 avril au 8 mai 2022 à Kunming (Chine). De quoi y perdre son latin et désarçonner notre Martien.

Deux crises interconnectées

Or « les urgences du climat et de la biodiversité ne sont pas distinctes l’une de l’autre, mais bien plutôt deux aspects d’une même crise » affirment les auteurs du Manifeste de Marseille, déclaration officielle (1) adoptée le 10 septembre 2021 lors de la clôture du Congrès mondial de la Nature. Et de plus en plus de scientifiques appellent à mettre l’une et l’autre sur le même plan. Car ces deux crises sont interconnectées. Le réchauffement climatique contribue ainsi aux invasions biologiques qui représentent aujourd’hui l’une des deux causes principales d’érosion de la biodiversité, avec la destruction des habitats naturels.

Penser que la disparition d’une espèce de papillon ou d’une petite fleur n’est pas si grave, après tout la nature s’en remettra, elle en a vu d’autres et nous aussi… est une erreur grossière. Car « nous ne pouvons pas nous dissocier de la nature. Nous en faisons partie et nous dépendons d’elle pour nos vies et nos moyens de subsistance », rappellent les signataires du Manifeste.

Une double menace pour notre santé

Si rien n’est fait pour répondre à l’urgence climatique et à l’érosion de la biodiversité, notre santé en pâtira gravement. « Une augmentation de la température mondiale de 1,5 °C par rapport à la moyenne préindustrielle et la perte continue de biodiversité risquent d’entraîner des dommages catastrophiques pour la santé qu’il sera impossible d’inverser », alertent de leur côté les signataires d’un appel commun publié le 6 septembre 2021 par 230 prestigieuses revues biomédicales mondiales.

A titre d’exemple, les particules fines émises par les incendies géants de Californie, rendus plus fréquents et plus importants par l’augmentation des températures dans cette région, occasionnent d’ores et déjà des effets délétères sur la santé de ceux qui y sont exposés. Aussi est-il urgent de lutter plus efficacement contre le réchauffement climatique et l’érosion de la biodiversité pour protéger la santé des humains. 

Attention néanmoins, « nos réponses (…) doivent se renforcer réciproquement. Ainsi, il ne faudrait pas que les mesures de lutte contre le changement climatique conduisent à de nouvelles pertes de biodiversité », soulignent les auteurs du Manifeste de Marseille. Face à ce double enjeu, des « réformes systémiques » doivent être engagées sans attendre car « notre fenêtre de tir pour réagir à ces urgences interdépendantes se réduit très vite ». A nous de ne pas la laisser se refermer.

Alexandrine Civard-Racinais

 

(1) Ce Manifeste est issu d’un processus de consultation des Membres de l’UICN. Il a été présenté et accueilli par acclamation lors de la 8e séance de l’Assemblée des Membres, le 10 septembre 2021.

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