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Largement utilisé pour s’informer, Facebook peut donner l’illusion de suivre l’actualité sans la suivre réellement. Sur ce réseau social, comme ailleurs, il convient de conserver les bonnes pratiques

C’est une tendance lourde apparue ces dernières années : de plus en plus de Français s’informent par le biais des réseaux sociaux. Une étude menée par Kantar pour le quotidien La Croix en janvier dernier établissait que la télévision restait certes le premier moyen de s’informer (46 %), devant internet (34 %). Mais cela concerne l’ensemble des sondés : pour les moins de 35 ans, internet (66 %) est très largement devant la télévision (26 %).

Si l’on entre un peu plus dans le détail, sur internet, les sites internet ou applications mobiles de la presse écrite se taillent la part du lion parmi les sources d’information préférées, à 29 %, loin devant les pure players (7 %), ces médias qui n’existent qu’en ligne, comme Médiapart, Les Jours ou Médiacités et les sites des radios et télés (10 %). Mais derrière la version en ligne de la presse écrite, une deuxième source préférentielle se détache : les réseaux sociaux. Parmi eux, Facebook arrive premier (39 %), devant YouTube (24 %), Instagram (12 %) et enfin Twitter (10 %). Chez les jeunes adultes, entre 16 et 25 ans, ils sont 73 % à s’informer par le biais des réseaux, selon une étude publiée cette fois par Diplomeo en 2020. 

L’illusion de l’information 

Quoi que l’on en pense, quel qu’en soit notre usage personnel, Facebook est donc devenu un acteur majeur de l’information. Mais quelle valeur informative peut-on réellement accorder à une publication Facebook ?

Une étude universitaire parue dans la revue Research and Politics a tenté de le mesurer en 2019, en divisant en trois groupes un millier de participants à son étude. L’un de ces groupes devait lire un article du Washington Post sur le sujet des aliments génétiquement modifié, l’autre n’avait accès qu’à quelques lignes de cet article sur un fil Facebook et le dernier n’avait reçu aucune information.
Tous se sont vus ensuite proposer un questionnaire sur le sujet : le premier groupe a répondu correctement à la plupart des questions, le second n’a eu en moyenne qu’une réponse correcte de plus que le dernier.
L’étude a montré que pourtant, les participants du second groupe, ceux qui avaient lu quelques mots sur le fil Facebook, pensaient avoir bien répondu à la plupart des questions. Dit autrement, le fait d’avoir lu une publication même succincte leur a donné l’illusion d’une information.

Problématique, surtout quand on sait, comme on l’a vu ailleurs dans cette série d’articles sur l’esprit critique publiée par Curieux, que les réseaux sociaux ont tendance à promouvoir des publications sensationnalistes sans se soucier de leur véracité. Ce qui renforce la nécessité, sur Facebook, d’observer les bonnes pratiques privilégiées ailleurs : ne considérer qu’une publication est informative que lorsqu’elle présente des éléments factuels, sourcés, vérifiés par des émetteurs fiables qui sont identifiés et qui identifient également leurs sources, au moins par leurs fonctions. 

Retrouvez tous les articles de notre série sur l’esprit critique ici.


Jean Berthelot de La Glétais

 

Avec le soutien du ministère de la Culture

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