Outil préféré des régimes autoritaires, la propagande est l’ennemie de l’information journalistique. Entre elles, un fossé creusé par les faits
C’est une accusation qui revient (très) souvent : certains médias ne délivreraient pas une information journalistique, mais une propagande, qu’elle soit gouvernementale, pour un parti d’opposition, une autorité quelconque, un potentat local, etc.
Si l’on s’en tient à l’acception qu’en propose le Larousse, la propagande est une « action systématique exercée sur l’opinion pour lui faire accepter certaines idées ou doctrines, notamment dans le domaine politique ou social ». Et le dictionnaire de donner pour exemple la propagande électorale.
Pour l’information, plusieurs définitions sont données, qui se rejoignent bien sûr : « action d’informer quelqu’un, un groupe, de le tenir au courant des événements. Tout événement, tout fait, tout jugement porté à la connaissance d’un public plus ou moins large, sous forme d’images, de textes, de discours, de sons. Nouvelle communiquée par une agence de presse, un journal, la radio, la télévision ».
On le voit, donc, les deux termes ont seulement en commun le fait que l’on porte à la connaissance du public certaines choses. Mais dans le but de convaincre dans un cas, de présenter des faits dans l’autre. Voilà pour la théorie. Mais, en pratique, tout n’est pas aussi clair ni simple.
Les faits, rien que les faits
Ainsi, certains médias assument-ils un positionnement idéologique clair : de l’extrême droite à l’extrême gauche, toutes les sensibilités sont représentées, médiatiquement. Dès lors, les choix qui sont effectués dans ces médias (et en réalité dans tous les médias, y compris ceux qui ne revendiquent pas une couleur politique) sont forcément subjectifs, puisqu’un choix l’est, par définition. Idem pour la manière dont on traite un sujet.
Quand des migrants meurent en mer, certains journaux parlent en Une de leurs destins tragiques, d’autres appellent à mieux refermer les frontières. Mais faire passer un message, proposer des grilles de lecture de l’actualité, assumer un avis, tout cela peut être journalistique, à une condition : si cela s’appuie sur des faits. Concrets, étayés, recoupés, vérifiés. Or la propagande n’a que faire de la vérité.
Outil favori des régimes autoritaires, voire dictatoriaux, la propagande s’affranchit de la vérité. Au contraire, la grossit, la défigure afin d’imposer une idéologie. Elle ressemble beaucoup aux « alternative facts », ces « faits alternatifs » si chers à Donald Trump, expression apparue en 2017 dans la bouche de sa conseillère Kellyanne Conway.
À l’ère de la « post-vérité », la propagande est un peu partout, les faits comptant moins que l’impression que l’on en a, aux yeux de beaucoup. Ce que l’information ne sera jamais, plaçant justement les faits au centre du travail journalistique…
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Jean Berthelot de La Glétais
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