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Les trois grands prédateurs que sont les loups, lynx et ours jouent un rôle crucial dans l’équilibre des écosystèmes. Mieux vaut donc les protéger voire les réintroduire. Explications avec Marc Giraud, naturaliste, porte-parole de l’Association pour la protection des animaux sauvages (ASPAS) et auteur d’une quarantaine de livres sur la nature

Le loup gris, le lynx boréal, l’ours brun (1) réinvestissent (lentement) aujourd’hui leurs territoires perdus en France avec respectivement environ 600, 150 et 50 individus dans l’Hexagone. Leur présence profite à la biodiversité et à l’équilibre des écosystèmes.

« Les grands prédateurs, des carnivores, sont une jauge de la santé des herbivores, explique le naturaliste Marc Giraud, porte-parole de l’Association pour la protection des animaux sauvages (ASPAS) et auteur d’un ouvrage sur ces animaux (2). Si les herbivores se portent bien, les carnivores aussi. »

Des conséquences en cascade liées à la disparition des grands prédateurs

Par ailleurs, les grands prédateurs limitent les épidémies en s’attaquant aux animaux malades ou blessés, plus faciles à attraper. Ainsi, « le renard (qui n’est pas un grand prédateur mais est carnivore), qui consomme des rongeurs, réduit la maladie de Lyme véhiculée par ces animaux et limite leurs dégâts sur les récoltes », explique le spécialiste.

Marc Giraud est naturaliste, auteur de plusieurs ouvrages sur la nature et porte-parole de l'Association pour la protection des animaux sauvages (ASPAS) - ©Remi Collange-ASPAS.jpg

Marc Giraud est naturaliste, auteur de plusieurs ouvrages sur la nature et porte-parole de l’Association pour la protection des animaux sauvages (ASPAS). PHOTO Remi Collange/ASPAS

Il insiste : « D’autre part, en faisant fuir ou en s’attaquant aux ongulés (chevreuils, chamois…), grands amateurs de jeunes pousses d’arbres et arbrisseaux, le lynx présent dans le Jura, les Alpes et les Vosges, préserve les végétaux. Des végétaux qui luttent contre le dérèglement climatique (en piégeant le carbone) et l’érosion des sols. Malheureusement, malgré la réintroduction du félin, sa population ne résiste pas aux pressions du braconnage et aux collisions routières. »

 

Un plan national d’action pour sauver le lynx

Pour protéger cette espèce menacée d’extinction en France, le ministère de la Transition écologique a annoncé un plan national d’action (PNA) spécifique. D’une durée de cinq ans, il a pour but de « déterminer les actions à mettre en œuvre pour rétablir l’espèce dans un bon état de conservation ». Il vise aussi à « réduire la mortalité liée aux collisions » et à « lutter contre les destructions illégales ».

Pour assurer la diversité génétique et la survie de l’espèce, Férus, l’association nationale de protection et de conservation de l’ours, du loup et du lynx en France, et le Centre Athénas, association de sauvegarde de la faune sauvage européenne, réclament des réintroductions de l’animal, mais chasseurs et éleveurs s’y opposent.

Préserver les grands prédateurs, un enjeu « fondamental » pour la Terre

Il ne fait plus de doute que les prédateurs supérieurs sont la clé de voûte de l’équilibre des milieux naturels. Dans une publication de la revue Science du 15 juillet 2011, un groupe de 24 chercheurs de six pays s’alarmait de leur raréfaction : « Pendant des millions d’années et jusqu’à récemment, les prédateurs supérieurs ont été omniprésents sur le globe ». La préservation de ces espèces emblématiques constitue un enjeu « fondamental » pour la planète.

(1) Le loup gris, le lynx boréal, l’ours brun Espèces protégées inscrites sur la liste rouge nationale des espèces menacées (respectivement vulnérable, en danger et en danger critique).
(2) « Big Five : le retour des grands animaux sauvages », éd. Delachaux & Niestlé, 29,90 €.

Florence Heimburger

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