La tradition veut que l’on taille les arbres l’hiver, mais c’est essentiellement une vieille habitude paysanne : en cette saison, comme on n’avait pas grand-chose à faire aux champs, autant se consacrer à la taille des végétaux
L’avancée des sciences agronomiques permet de relativiser cette tradition, on peut en fait tailler un arbre n’importe quand, sauf à deux périodes bien précises : l’automne, lorsque les feuilles tombent, et au printemps, lorsqu’elles commencent à se former. Il vaut mieux aussi éviter les moments de fort gel parce que la cicatrice, n’ayant pas de sève à sa disposition, ne se referme justement pas et laisse la plaie à vif jusqu’au printemps. Cela peut alors favoriser le développement de maladies.
Il existe cependant une période quasi universelle : la fin de l’hiver. À ce moment-là, les entailles dues à l’élagage n’auront que peu de temps à rester à vif avant que la sève, qui « remonte » au printemps, ne vienne les cicatriser. Mais comme tous les arbres ont leur personnalité, ce principe ne vaut pas pour ceux à floraison précoce. Pour ces plantes, il vaut mieux couper après ladite floraison.
En bref, ce qui compte c’est de respecter le cycle de l’arbre et les mouvements de sève. Il existe d’ailleurs deux circuits de ce liquide : l’un qui monte des racines vers les feuilles (sève brute), et l’autre qui part des feuilles pour descendre vers les racines et irrigue toute l’espèce végétale (sève élaborée). Le cycle s’établit au printemps : la substance brute, composée à 95 % d’eau puisée dans le sol, apporte les sels minéraux du sol. Dans les feuilles, l’eau va s’évaporer en partie à cause de la chaleur, ce qui crée un « vide ». Il sert à aspirer de la sève supplémentaire, et ainsi de suite. Les sels minéraux vont de leur côté se transformer en glucide. Celui-ci compose la sève élaborée et va nourrir les cellules du végétal. Mine de rien, un chêne adulte peut ainsi transporter 200 litres d’eau du sol vers ses feuilles chaque jour. On a longtemps cru que, lorsque la sève circule dans l’arbre (c’est-à-dire quand il y a des feuilles), il ne fallait pas le tailler. Erreur : la sève sert aussi à le cicatriser. Les avantages et inconvénients d’une taille estivale sont donc à peser : l’arbre guérit plus vite, mais cela peut correspondre à une période de libération de spores de champignons nocifs.