Black Family Doing Grocery Shopping In Supermarket. African American Couple Using Phone Scanning Food Product Standing In Store Aisles Indoors. Customers Buying Supplies In Local Shop

Adopté en France depuis octobre 2017, dans la foulée des applications qui évaluent les aliments tels que Yuka, le nutriscore s’est imposé naturellement aux yeux des consommateurs et bouleverse nos habitudes de consommation. Mais face à une classification qui manque de justesse, ne faudrait-il pas se méfier de ces indicateurs ?  Démêlons le vrai du faux

Depuis la fin de l’année 2017, les supermarchés ont apposé une petite étiquette sur de nombreux produits dans leurs rayons. Il s’agit du nutriscore. Son rôle ? Évaluer et indiquer la qualité nutritionnelle des produits alimentaires à l’aide d’une lettre (de A à E) et d’un code couleur (de vert à rouge). « C’est un bon guide pour commencer, indique Laurine Chardon, diététicienne et nutritionniste à Bordeaux. Quand on n’y connait pas grand-chose au niveau diététique, cela donne des éléments de comparaisons entre les produits ».  

Une classification juste ?

Plus de 400 entreprises internationales spécialisées dans l’agroalimentaire ont déjà adhéré au mouvement. Mais derrière ce chiffre se cache une réalité : les multinationales du secteur (Coca-Cola, Nestlé par exemple) refusent toujours de s’y engager. Elles n’adhèrent pas à cette politique de transparence, qui doit aider les consommateurs. Ces derniers, en France, soutiennent à 94% le nutriscore et le réclament comme obligatoire sur les produits selon le ministère de la santé. 

Mais ces outils font-ils totalement abstraction du contexte dans lequel nous vivons ? Sont-ils soumis au lobby des industriels de l’agroalimentaire ? Yuka s’en défend à travers son modèle économique (qui ne se base pas sur la publicité) et son système de notation qu’il définit « totalement neutre, […] lui permettant de rester à 100% indépendant grâce à son business model » selon la communication de Yuka. Comment expliquer alors les bons résultats des sodas sans sucre, issus d’entreprises non adhérentes au nutriscore ? « Il ne faut pas être naïf, estime pour sa part Laurine Chardon. Évidemment que les lobbys jouent aujourd’hui dans notre société et influencent quelque peu les résultats. » 

Peut-on vraiment noter la nourriture ?

De leur côté, plusieurs ministres européens de l’agriculture dénoncent le manque d’objectivité des comparaisons entre produits naturels et industriels, notamment par rapport aux quantités (les nutriscores évaluant sur 100g), comme le rappelle cet article du Monde.

C’est le cas de l’Italie et de la Grèce qui reprochent la notation de l’huile d’olive, produit abondant dans ces deux pays, qui se retrouve moins bien évalué que les pâtes à tartiner. Un problème économique majeur, d’autant que 92% des consommateurs de Yuka reposent en rayon des produits lorsqu’ils sont notés rouge.

Vice-président au conseil régional d’Occitanie, Jean-Louis Cazaubon s’inquiète lui aussi pour les produits locaux de sa région : « Les consommateurs risquent de privilégier des produits ultra-transformés qui ont une bonne notation au détriment des produits traditionnels, pourtant plus vertueux».  

Pour la diététicienne Laurine Chardon, il faut donc utiliser ces outils à bon escient : « Notre corps a besoin d’un peu de matière grasse. Les gens ne doivent pas s’interdire de manger en petite quantité, des produits qui sont vitaux pour notre santé, comme l’huile d’olive ou le chocolat, qui présentent des bienfaits pour le corps. Le consommateur doit équilibrer ses repas, en mangeant moins de produits chimiques transformés, et privilégier des aliments variés, frais, avec peu de sucres et de lipides. »   

Maxime Lacaze

Article réalisé dans le cadre d’un partenariat sur le Fact Checking entre Curieux et l’EFJ Bordeaux avec les étudiants de seconde et troisième années de cette école de journalisme.

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