La composition des anti-transpirants interroge depuis plusieurs années. Le déodorant est soupçonné de nuire à notre santé. Plus particulièrement sa teneur en sels d’aluminium décriée par des scientifiques. Démêlons le vrai du faux

De nombreux noms discordants figurent dans la composition d’un déodorant. Cyclomethicone, isopropyl palmipate, aluminium chlorohydrate, propylene carbonate… Parmi eux, les chlorohydrates d’aluminium intéressent particulièrement les scientifiques. Certains convaincus du potentiel cancérigène de ces sels d’aluminium. On peut les retrouver dans nos sticks, nos sprays, nos déodorants crèmes et nos roll-on.  

Les sels d’aluminium régulent la transpiration jusqu’à la stopper. Depuis le début des années 2000, des scientifiques étudient de près l’utilisation de ces éléments chimiques par voie cutanée. Mais les résultats de leurs études font débat.

Philippa D. Darbre, docteure et professeure en sciences biomédicales s’interroge sur le lien entre les sels d’aluminium des déodorants anti-transpirants et le cancer du sein. Elle recense une condensation élevée d’aluminium à l’intérieur de la zone quadrant supéro-externe (là où se développe le cancer du sein majoritairement). Elle le lie à la zone proche où les déodorants sont appliqués. Cette étude montre également l’action œstrogénique de ce métal (testée in vitro sur des cellules mammaires). Pourtant, le lien de causalité reste faible. L’étude ne parvient pas à démontrer que les sels d’aluminium présentent un danger pour la santé.    

Aucun risque selon les autorités sanitaires

L’Agence française de sécurité sanitaire des produits de santé (AFSSAPS et désormais ANSM) a publié en 2011 un rapport d’expertise sur le sujet. Il apporte des précisions sur l’absorption de l’aluminium dans le corps humain. Des données ont été recueillies chez l’homme (sur peau humaine), puis chez l’animal. Selon l’AFSSAPS, ces expériences donnent des résultats “négligeables”. Pour l’agence, ils ne déterminent donc pas un lien concret entre les déodorants et un risque pour la santé. Notamment des risques cancérigènes.

Avec une concentration de 20% de chlorohydrate d’aluminium, l’absorption cutanée à l’aluminium pour une peau normale se fixe à 0,5%. Pour une peau lésée, et dans un scénario maximal, le taux monte à 18%. Malgré les minces résultats du rapport de l’AFSSAPS, l’agence recommande la restriction de l’aluminium à 0,6% dans les produits anti-transpirants. Permettant ainsi une marge de sécurité suffisante.  

Une évaluation du comité scientifique de la sécurité des consommateurs de la Commission européenne conclut à la sécurité de l’aluminium dans la composante des déodorants en 2019. Le comité considère que « l’utilisation de l’aluminium est sans danger aux concentrations équivalentes d’aluminium suivantes : jusqu’à  6,25 % dans les déodorants sans spray ou les anti-transpirants sans spray et 10,60% dans les déodorants en spray ou les anti-transpirants en spray ».

Dorian Rolin

Article réalisé dans le cadre d’un partenariat sur le Fact Checking entre Curieux et l’EFJ Bordeaux avec les étudiants de seconde et troisième années de cette école de journalisme.

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