Portrait of a young couple sitting on the beach and drinking wine, close up

Auteur de nombreux ouvrages sur le vin et notamment « Pourquoi boit-on du vin ? », Fabrizio Bucella docteur en physique et professeur à l’Université libre de Bruxelles décrypte pour Curieux les effets potentiels de la consommation de vin sur notre libido

« La plupart des études scientifiques s’intéresse surtout aux hommes et à l’impact de la consommation d’alcool sur la fonction érectile. Elles mettent en évidence le fait qu’une très légère prise de vin rouge est associée avec une augmentation de testostérone, l’hormone du désir. Une des études les plus sérieuses, basée sur une cohorte importante, a été menée par des chercheurs d’Harvard et de l’université d’East Anglia. Elle démontre ainsi, que chez des hommes de plus de 50 ans, la consommation modérée et régulière de vin rouge (et de certains fruits), soit un verre par jour, pouvait avoir un effet protecteur des troubles érectiles. Elle réduirait ces risques de 19 %. Ce chiffre est un risque relatif et à prendre avec des pincettes.

Au niveau des femmes, les études sont plus rares et je retiendrai celle, très intéressante, basée sur des questionnaires d’auto-évaluation, menée en 2009 par des chercheurs de l’Université de Florence et de l’hôpital Santa Maria Annunziata. Même s’il peut y avoir des biais, elle met en avant le fait que les femmes vivant en Toscane qui consommaient deux verres de vin rouge par jour, contrairement au groupe d’abstinentes ou celles consommant du vin blanc, se disaient plus satisfaites sexuellement, avec un désir et une lubrification plus positivement affectés.

Des polyphénols qui activeraient la circulation sanguine

Ces deux études interrogeaient le rôle potentiel des polyphénols, molécules antioxydantes contenues dans le vin rouge qui, contrairement au vin blanc, fermente avec les peaux de raisins contenant ces fameux antioxydants. Les polyphénols activeraient la vascularisation, la circulation sanguine et de fait la fonction érectile.

A la fin des années 90, avec le courant dit du « French Paradox », l’une de ces molécules, le resvératrol, avait été portée au pinacle, mettant en avant ses effets pour une meilleure vascularisation… Cette hypothèse est aujourd’hui remise en cause par des études plus récentes qui s’attachent à comprendre quelles autres polyphénols peuvent avoir ces effets. Cependant, il ne faut pas voir dans le vin rouge un flacon de la pharmacopée à conserver près du sirop typhon. Pour bénéficier des effets des polyphénols, autant manger directement des grains de raisins ou boire un jus de citron.

La molécule d’éthanol à double tranchant

 

Fabrizio Bucella, docteur en physique, professeur à l’Université libre de Bruxelles et sommelier.

Plusieurs études ont mis en avant le rôle positif joué par la molécule d’éthanol sur la fonction endothéliale vasculaire et ce, quel que soit le type d’alcool, avec des effets dans le cas de prise de bière ou de vin blanc.

 

Par ailleurs, il a été démontré que l’éthanol augmente les niveaux d’endorphine et de dopamine dans les zones du cerveau qui codent le plaisir. En se fixant sur les récepteurs du GABA, principal neurotransmetteur du système nerveux, l’alcool inhiberait aussi la noradrénaline (vigilance) et la sérotonine (humeur, émotivité). Se créent dès lors un effet de détente, une sensation d’euphorie et de plus grande confiance en soi, qui peuvent stimuler, libérer le désir sexuel.

Cet effet euphorisant dure peu et, surtout, peut s’avérer dangereux. C’est ce côté psychotrope et euphorisant de l’alcool qui conduit à des comportements addictifs, très nocifs pour la santé mais aussi la libido.

L’excès d’alcool amenuise le désir et la performance sexuelle

Les personnes qui consomment de l’alcool de façon immodérée ou souffrent d’une addiction, présentent au contraire des disfonctionnements sexuels, des problèmes d’érection, une perte de désir… Tous les éventuels effets positifs cités plus haut concernent des consommations de vin très modérées. Consommé à l’excès, l’alcool, ayant un coté asthénique, conduit à un endormissement, à la fatigue, et dans ce cas, le désir sexuel en est émoussé. En tout cas, il ne faut pas consommer du vin pour améliorer les dites performances sexuelles. »

 

(1) Fabrizio Bucella professe également dans les masters 2 du droit de la vigne et du vin de l’Université de Bordeaux et du droit du vin et des spiritueux de l’Université de Reims Champagne-Ardenne. Il est l’auteur de nombreux ouvrages dont « Pourquoi boit-on du vin ? «  (Dunod, EKHO, sept 2021).

Propos recueillis par
Marianne Peyri

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