L’industrie de la mode a été pointée du doigt comme la seconde plus polluante derrière l’industrie pétrolière lors d’une conférence de la Global Fashion Agenda. Cette affirmation a eu l’effet d’une boule-de-neige et a rapidement été relayée dans de nombreux médias. Pourtant, cela est aujourd’hui contesté et ce même par l’institution à l’origine de cette affirmation. Qu’en est-il vraiment ? Démêlons le vrai du faux

Lors d’une conférence de presse, la Global Fashion Agenda, anciennement Danish Fashion Institute, a déclaré en 2008 que l’industrie de la mode est la seconde industrie la plus polluante. De nombreux médias ont ensuite relayé cette affirmation, avec de nombreux chiffres à l’appui. En montrant que la production d’une tonne de fibres de polyester consomme 127 000 mégajoules par exemple.

Cette affirmation a globalement été acceptée du fait de l’énorme essor de l’industrie de la mode : entre 2000 et 2014, les consommateurs achètent 60% de vêtements en plus. Mais aussi car la conscience écologique se développe de jour en jour. Les grandes entreprises luttent contre cette conscience écologique grandissante en faisant du greenwashing qui est une technique marketing qui use et abuse des codes écologiques afin de montrer une image plus verte d’une marque.  

L’industrie est très consommatrice de ressource  

Dans un entretien avec Alden Wicker pour Racked, le Global Fashion Agenda reconnait l’erreur du communiqué mais explique que tout n’est pas totalement faux. En effet l’industrie est responsable de nombreuses pollutions importantes comme le micro-plastique dans les océans. Dans une étude l’organisation Ocean Wise montre qu’un foyer moyen aux États-Unis ou au Canada produit environ 533 millions de microfibres par an. Même après le traitement des eaux usées, 878 tonnes finiraient tout de même dans nos océans.

Les chiffres sont aussi affolants dans d’autres industries : 900 kilos de CO2 rejetés pour 1000 kilos de ciment produits. En 2011, l’industrie agroalimentaire a dégagé 5,3 milliards de tonnes de CO2, soit presque autant de rejet que les transports selon Alimenterre.

Une traçabilité presque impossible  

Malgré de nombreux chiffres et études, il est très dur de réellement faire de classement de pollutions par industries. En effet, il est très dur de tracer les vêtements depuis la production de la fibre aux assemblages puis la vente et enfin la fin de vie de l’article.

De ce fait, les chiffres sont biaisés. Certaines associations et institutions tentent de mettre en place des index de traçabilité tels que la Sustainable Apparel Coalition qui a mis en place l’index Higg. Cet index se base sur 5 axes pour permettre de donner une note de durabilité aux marques. Même si de plus en plus de recherches et études apparaissent, il n’est aujourd’hui pas possible d’établir de classement des industries les plus polluantes. En effet, les manières de polluer et leurs effets sont tellement variés que cela n’aurait pas de sens.  

Concernant l’industrie de la mode, les experts s’accordent pour dire qu’il n’est pas seulement nécessaire de repenser les manières de production mais surtout d’arrêter de surconsommer et ralentir la fast-fashion. Cette dernière prône le renouvellement toujours plus rapide des vêtements fabriqués dans des conditions peu respectueuses sur le plan social et environnemental.  

Juliette Cazabat

Article réalisé dans le cadre d’un partenariat sur le Fact Checking entre Curieux et l’EFJ Bordeaux avec les étudiants de seconde et troisième années de cette école de journalisme.

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