La Banque de France organisait ce mercredi 6 juillet les Rencontres de la politique monétaire. François Villeroy de Galhau, gouverneur de la Banque de France a répondu aux questions des internautes pour expliquer les mécanismes de l’inflation et comment lutter contre cette inflation.
Nous avons retenu trois questions, sur la quinzaine posée par Curieux.live au gouverneur, pour revenir sur cette conférence.

La Banque centrale européenne va augmenter les taux. Et ipso facto, les internautes s’inquiètent d’une forte hausse des taux pour les achats immobiliers. Qu’en est-il ?

D’abord, il faut bien voir que l’on avait, dans cette période où il n’y avait pas assez d’inflation, des taux qui étaient extrêmement bas. Des taux du crédit immobilier à 1,10 ou 1,20 %, c’est exceptionnellement bas. Quand on regarde il y a 5 ou 10 ans seulement, les taux étaient plutôt de 2 ou 3%. Aujourd’hui, en 2022, ils remontent progressivement pour quitter cette zone exceptionnelle mais ils restent favorables et le financement de l’immobilier sera très bien assuré.

Il y a 5 ou 10 ans, personne ne disait que l’on ne pouvait pas financer l’achat d’un appartement.

Concernant la hausse des prix, c’est à croire que l’Ukraine produisait tous les produits avant la guerre… Pourquoi assiste-t-on à une « valse des étiquettes » ?

Auparavant, nous avions plutôt le problème inverse car nous n’avions pas assez d’inflation. Et tout le monde me dit « comment est-ce que cela se fait que vous n’aviez pas vu venir cette inflation ? ». Inflation qui a surpris tout le monde, les Américains comme les Européens ; elle a aussi surpris les prévisionnistes privés comme les banques centrales.

Je pense qu’il y a eu essentiellement deux épisodes. Le premier n’a rien à voir avec l’Ukraine, c’est la sortie extrêmement vigoureuse de la crise Covid où l’activité est repartie beaucoup plus vite et notamment aux Etats-Unis. Et donc, il y a eu beaucoup de consommation de pétrole, d’énergies, de certains biens, etc. Souvenez-vous, il y avait ces images de ports américains ou chinois bloqués, et cela fait de l’inflation.

Le deuxième épisode est bien sûr l’Ukraine mais aussi la Russie. Ces deux pays n’ont pas des économies majeures au plan international. La Russie reste essentiellement un producteur d’hydrocarbures et de matières premières. Cela s’est donc traduit par une deuxième vague  d’augmentation des prix de l’énergie et des matières premières.
Ce qui se passe ensuite, c’est que les entreprises qui subissent l’augmentation de ces couts vont répercuter cela sur leurs prix pour sauver leurs sociétés. Et là, l’inflation est plus haute et plus large car elle se diffuse dans l’ensemble des secteurs de l’économie.

Jusqu’à quand les prix vont continuer à augmenter et jusqu’à quel niveau ? En fait, pouvez-vous nous rassurer : que va-t-il se passer dans les prochains mois ?

La première honnêteté que l’on doit à tous, c’est de dire qu’il y a des choses que nous ne savons pas. Et notamment la principale incertitude, c’est : « est-ce qu’il peut y avoir un nouveau choc des prix de l’énergie ? »
Si il y a vraiment une coupure de gaz, les prix vont augmenter en Europe. Et si jamais il y a un nouveau choc du prix du pétrole, cela voudra dire de la hausse des prix supplémentaire.
Mais, nous voyons aujourd’hui des tout premiers signes que certains prix commencent à baisser. C’est le cas de certains prix de métaux ou du transport maritime par exemple. Nous pensons ensuite que si les prix du pétrole n’augmentent plus, on devrait commencer à voir une baisse de l’inflation à partir du début de l’année prochaine.
Et le plus important, et c’est un engagement de la banque centrale, c’est de dire que nous ferons ce qu’il faut pour ramener l’inflation à 2%. C’est la bonne température de l’économie. Nous sommes décidés, engagés, et nous avons la capacité de ramener l’inflation à 2%.

Propos recueillis par
Alexandre Marsat

La conférence est à retrouver ci-dessous :

 

 

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