France Paratonnerres a mis au point un nouveau type de paratonnerre. Implantée à Guéret dans la Creuse pour être proche des labos de Limoges et du Cantal très orageux, elle équipe désormais des sites très symboliques

On aurait cru que ce genre d’objet ne pouvait pas être amélioré : un peu comme le ciseau ou la pelle, la paratonnerre fonctionne bien comme ça et on ne voit pas de raison de changer. Il fait partie du décor depuis Benjamin Franklin… sauf qu’il connaît lui aussi sa révolution. Et elle passe par la France puisque France Paratonnerres est l’une des sociétés innovantes dans un marché que son image d’Épinal tendait à réserver au monde très feutré des clochers d’église.

Ce qui change, c’est la zone de protection qu’assure un paratonnerre : à trois mètres de hauteur, c’est un rayon de 7 mètres dans le dispositif classique contre un rayon de 47 mètres pour la Paratonnerre à Dispositif d’Amorçage (PDA) développé par l’entreprise basée à Guéret dans la Creuse. En gros, un seul PDA suffit pour une église alors qu’il en faudrait idéalement trois si l’on voulait la protéger complètement. Idéal pour les sites industriels qui ont l’obligation de s’équiper.

Rencontres dans le ciel

Pour comprendre le principe, il faut connaître le mécanisme de la foudre. Lorsque le nuage orageux se forme, il provoque une augmentation du champ magnétique terrestre. Ce champ s’évacue via des traceurs ascendants. Soit à peu près des courants électriques positifs ou négatifs selon la polarité du sol, qui montent vers les nuages où ils rencontrent des traceurs descendants issus des nuages. Lorsqu’ils se rencontrent, c’est le coup de foudre et la décharge parcourt le chemin formé par les traceurs.

Le relief amplifie le phénomène : comme tout phénomène naturel, la foudre cherche la simplicité et donc le chemin le plus court. Par conséquent, plus un point au sol est élevé, plus il est polarisé et lance des traceurs ascendants. Le paratonnerre de Franklin utilise cette caractéristique en créant des points hauts et fins reliés à la terre où la charge électrique de la foudre ira se perdre.

Pour aller plus haut

Le PDA lui aussi se sert de cet effet mais plutôt qu’attendre tranquillement que le traceur ascendant se forme, il va le générer en collectant des charges prises dans la terre en créant notamment un trou d’air qui accentue la différence de potentiel. Il permet donc au traceur de se créer plus tôt et donc de monter davantage à la rencontre celui qui vient des nuages. Comme le choc se produit plus haut dans le ciel, le « parapluie » créé par le paratonnerre est donc plus grand. Ensuite, le système est peu ou prou le même : il faut quand même que le point physique du paratonnerre encaisse le choc et l’évacue, comme dans le système de Franklin.

Le sommet du PDA propulse un traceur vers le haut

Le système a été mis au point dans les années 90 grâce à des travaux du CNRS sur la maîtrise des décharges électriques. Michaël Troubat, président de France Paratonnerres, vient d’ailleurs de ce milieu qui cherchait alors un moyen de protéger des éoliennes dont la problématique est que leur hauteur varie en fonction de la position des pales. C’est de là qu’est issue cette technique qui n’ajoute pas de hauteur physique mais projette un traceur. Une autre technique concurrente consiste à pointer des lasers pour remplacer les traceurs ascendants.

Reste qu’avec son innovation, France Paratonnerres a équipé des bâtiments aussi hautement symboliques que la Tour Eiffel, la Cité Interdite de Pékin ou le pas-de-tir de la fusée Ariane à Kourou. Mais il reste encore des avancées à faire, notamment pour savoir ce qui décide la foudre à se créer et où elle va tomber exactement. Et ce n’est pas avec un cerf-volant qu’on le découvrira.

Jean Luc Eluard

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