La végétalisation urbaine fait partie des solutions vertes susceptibles de nous aider à mieux supporter les prochains épisodes de fortes chaleurs.

Depuis la canicule de 2003 et ses 15 000 décès supplémentaires1, de nombreux EHPAD ou établissements publics misent sur la climatisation en période de fortes chaleurs. Un choix compréhensible, mais intenable à long terme. L’air chaud relâché par les climatisations participe en effet à la création des îlots de chaleur urbains, qui rendent nos nuits suffocantes.

Aussi est-il essentiel d’explorer d’autres solutions pour apporter de la fraîcheur intra muros. Mieux vaut par exemple verdir la ville. Encore une idée de bobo hors sol ? Pas du tout. L’utilisation de la végétation fait partie des solutions fondées sur la nature mises en avant par les auteurs2 du guide Rafraîchir les villes, produit par le Cerema et le bureau d’études TRIBU pour l’ADEME.

A Nantes, le Jardin des plantes invite au repos à l’ombre de ses arbres. La métropole nantaise figure à la seconde place du Palmarès 2020 des villes les plus vertes de France. Elle compte 101 parcs et jardins et mène une politique volontariste en matière de végétalisation urbaine. PHOTO Alexandrine Civard-Racinais

Créer des oasis de fraîcheur

Les parcs urbains créent ainsi des îlots de fraîcheur bienvenus dans la ville. Ce, grâce à la transpiration des plantes, l’absorption et la réflexion des rayonnements solaires par la végétation. L’évapotranspiration utilise en effet une grande partie de l’énergie reçue par rayonnement. Cette énergie « détournée » par la plante, ne contribue donc pas au réchauffement des surfaces.

Plus la surface arborée est conséquente ou le couvert dense, plus l’effet rafraîchissant sera important. Même un arbre isolé procure un confort accru en journée par sa capacité à fournir de l’ombre. Les surfaces enherbées ouvertes étant pour leur part des espaces générateurs de fraîcheur nocturne.

– 2 à 3°C

Ce sont les effets maximaux sur la température d’air dans les rues, en présence d’alignements d’arbres. 

Cité in Rafraîchir la ville (Ademe, 2021).

Réduire les températures de surface

La végétalisation des toits et façades, testée dans de nombreuses villes du monde, fait aussi partie des solutions de rafraichissement. Avec toutefois une efficacité moindre que celle procurée par les parcs, les arbres et les prairies. 

En France, les résultats du projet de recherche VegDUD3 ont notamment montré que les façades végétalisées atténuaient la température des surfaces verticales. En conséquence, la chaleur renvoyée par rayonnement thermique par les surfaces sur les passants est moins importante. Ce qui améliore leur confort en journée.

– 4°C 

Diminution de la température de l’air dans une rue canyon à Londres en climat tempéré, avec toitures, sols et façades végétalisés.

Alexandri & Jones, 2008. Cité in Rafraîchir la ville (Ademe, 2021)

Des solutions à expérimenter d’urgence

Certes chaque solution a ses limites, et « aucune ne peut résoudre seule la problématique de la surchauffe urbaine » soulignent les auteurs du guide. Il est donc préférable de les associer entre elles. Ainsi « la présence de surface d’eau ou l’irrigation amplifie l’effet de rafraîchissement des espaces végétalisés ». Il convient aussi de veiller à la disponibilité de cette ressource, de plus en plus précieuse dans un contexte de sécheresses à répétitions. 

Malgré ces limites, les végétaux font bel et bien partie des solutions durables à mettre en œuvre pour rafraîchir nos villes, tout en réduisant l’utilisation de la clim. Car les experts du GIEC sont formels : chaque degré en moins compte. Les canicules de cet été 2022 en ont encore apporté a contrario la preuve cuisante. 

Alexandrine Civard-Racinais

(1) Par rapport à la mortalité habituelle à cette période de l’année. (2) Rédacteurs : TRIBU : Marie Leroy, Héloïse Marie, Karine Lapray ; CEREMA : Marjorie Musy, Auline Rodler, Sihem Guernouti. (3) VegDUD. « Rôle du végétal dans le développement urbain durable », Plante&Cité (2014).

Qu’est-ce qu’un îlot de chaleur?

• Dans les villes, les îlots de chaleur urbains (ICU) sont responsables d’une surchauffe pouvant atteindre 10 degrés de plus dans la capitale par rapport aux alentours. En cause, le béton et l’asphalte qui absorbent davantage d’énergie thermique et solaire que d’autres matériaux.

• L’effet d’ICU est particulièrement marqué la nuit, lorsque les matériaux de construction restituent l’énergie accumulée durant la journée. 

• Les ICU augmentent ainsi le nombre de nuits chaudes, pendant lesquelles la température minimale reste supérieure à 20 degrés. 

• Cette situation, source d’inconfort thermique pour les citadins, est dangereuse pour les personnes plus fragiles. 

A lire : Une ville verte. Les rôles du végétal en ville. Marjorie Musy. Ed. Quae, 199p., 2014. 

Newsletter Curieux !
Recevez chaque semaine la newsletter qui démêle le vrai du faux et aiguise votre curiosité !