Saugrenue, cette rentrée en septembre. C’est vrai ça, on pourrait quand même profiter des derniers beaux jours et pousser jusqu’en octobre-novembre… Mais, pour pouvoir rentrer, encore faut-il avoir des vacances.

C’est le pape Grégoire IX qui, le premier, décide, en 1231, de fermer les universités (il n’existe pas encore d’écoles) en août et septembre. Jusqu’alors, elles ne fermaient pas. Ce n’est pas tellement par souci de rythmes scolaires, mais plutôt parce que beaucoup d’étudiants quittent les bancs pour les travaux des champs, moissons et vendanges, requérant une main-d’œuvre nombreuse et familiale. Voilà les premières vacances, mais on n’est pas là pour se reposer : il faudra attendre bien longtemps avant que la notion de repos ne soit pas méprisable. D’ailleurs, le terme même de « vacance », qui pointe quelque chose de vide, d’absent, est un tantinet péjoratif.

Puisque l’agriculture est toujours la principale activité, et que c’est elle, se fondant sur les saisons, qui décide de la vie quotidienne, on garde le même principe quand l’école devient obligatoire (et nationale et laïque), en 1882. Mais, en fonction des types de cultures et donc des semaines qui nécessitent des bras, on adapte, selon la région, la date de la rentrée: plutôt en octobre en Gironde pour cause de vendanges, un peu plus tôt dans les régions céréalières…

Ce n’est qu’avec l’arrivée des congés payés, en 1936, que l’industrie du tourisme commence à vouloir sa part du gâteau estival : en 1939, les grandes vacances passent de huit à dix semaines et sont donc avancées au 15 juillet, pour permettre aux gens (et donc aux hôteliers) de profiter davantage de l’été, et finissent le 30 septembre, pour arranger les paysans.

Mais l’agriculture commence à ne plus peser dans les choix politiques, et, en 1960, on laisse tomber la fin septembre, pour fixer les vacances du 1er juillet au 15 septembre, tant pis pour les vendanges. Des exceptions sont toutefois possibles, accordées au coup par coup par les inspecteurs d’académie pour permettre aux enfants d’agriculteurs d’aider à la ferme.

Ce n’est qu’en 1981 que ces dérogations, de moins en moins souvent accordées, seront supprimées. De nos jours, la notion de travaux agricoles a totalement disparu, et ce sont plutôt les professionnels du tourisme qui s’intéressent à ces vraies « vacances » (moment de creux qu’il faut bien remplir… de préférence en partant en vacances). On a donc supprimé les jours de repos de septembre, peu utilisés par les touristes, qui sont reportés sur les vacances d’hiver pour permettre de meubler l’ancienne saison touristique creuse. Tout ça dans l’intérêt des enfants, bien sûr…

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