Les turbulences traversées ces dernières années sont nombreuses, crise sanitaire et économique, pénurie de semi-conducteurs… Comment s’en sort la filière aéronautique spatiale et défense, une des plus grandes pourvoyeuses d’emplois en Nouvelle-Aquitaine ? Quels défis devra-t-elle relever ces prochaines années ? Gilles Fonblanc, président de l’association Bordeaux Aquitaine aéronautique et spatial (BAAS) répond à Curieux

Le secteur aéronautique, spatial et défense en Nouvelle-Aquitaine se positionne en 3ème position derrière la région Occitanie et l’Île-de-France. Il représente plus de 900 établissements, des industriels et des agences d’état qui emploient plus de 70 000 personnes. Parmi les têtes d’affiche, ArianeGroup, Dassault, Safran, Thalès, etc.

La particularité régionale ? La dualité des applications civiles et militaires. Dassault fabrique, par exemple, des avions Falcon pour l’aéronautique civile et des Rafales pour la Défense. ArianeGroup, quant à elle, produit des lanceurs spatiaux civils et militaires.

« Le choc de la pandémie a pu être en partie amorti en Nouvelle Aquitaine. La filière s’en est sortie grâce au soutien des mesures mises en place et à son activité défense qui, elle ne s’est jamais arrêtée. La situation reste tout de même tendue à cause des nouveaux impacts occasionnés par la guerre en Ukraine. Malgré cela, de nouveaux programmes aboutissent avec le lancement par exemple  du nouveau Falcon et prochainement d’Ariane 6. Le GIFAS* prévoit environ 15 000 embauches en 2022.

Les prévisions vont très probablement aller crescendo, car nous devrons relever d’importants défis dans les années à venir. La crise ukrainienne a notamment renforcé l’enjeu de souveraineté pour l’accès à l’espace et les applications défense. Le défi environnemental reste le plus emblématique. Même si l’aéronautique a déjà divisé par 5 ses émissions de CO2, elle envisage de mettre en circulation des avions « zéro émission » à l’horizon 2035. Les fusées Ariane 5, elles, volent depuis déjà plus de 20 ans avec de l’hydrogène, qui n’émet que de la vapeur d’eau après combustion par l’oxygène.

L’objectif de mobilité décarbonée passe avant tout par la recherche d’alternatives aux carburants issus du pétrole. Nous explorons la piste de l’hydrogène, la plus prometteuse, et celle des biocarburants. Ces changements imposent de revoir la motorisation. Un autre axe d’innovation consiste à optimiser la navigation pour moins consommer. Enfin, une dernière piste de développement identifiée porte sur la recherche de nouveaux matériaux composites qui allégeront nos avions.

Pour innover, la région Nouvelle-Aquitaine et Bordeaux Métropole ont créé des structures, comme Way4space, qui croisent les expertises des grands groupes et des start-up technologiques. Ces dernières se sont développées de façon importante pour répondre à la demande croissante sur les télécommunications et le web. Tout le monde veut sa constellation de satellites et avoir accès à l’espace à sa guise pour les lancer. Il y a compétition sur de nouveaux lanceurs autonomes et réutilisables.

Actuellement, nous sommes en quête de nouveaux talents pour relever ces prochains défis. Et pas seulement des ingénieurs, les profils opérateurs et techniciens sont également très demandés. De nouvelles compétences en digital et en cybersécurité émergent. »

Propos recueillis par
Sophie Nicaud

* GIFAS : Groupement des industries françaises aéronautiques

Newsletter Curieux !
Recevez chaque semaine la newsletter qui démêle le vrai du faux et aiguise votre curiosité !