Voici l’arrivée annoncée de la tempête Danielle. On se souvient aussi du terrible ouragan Katrina en 2005 dans le Golf du Mexique ou de sacrées tempêtes qui ont décoiffé la France telles que Martin en 1999, Xynthia en 2010 ou encore Diego en avril dernier… Gravés dans nos mémoires, ces prénoms ne sont pas le fruit du hasard. 

Générée par des contrastes thermiques de l’air, une tempête est considérée comme telle lorsque les vents dépassent les 89 Km/heure. Mais pour être baptisé, il faut que le niveau d’alerte orange soit déclenché. Un prénom lui est alors attribué. Le protocole est strict, pas de chiffres ou de noms techniques ou néologismes, mais des prénoms usuels et courts, pas de plus de trois syllabes. Non sans raison.

Simples, familiers, personnalisés, souvent populaires, ces prénoms ont l’avantage d’être facilement mémorisés. Ils permettent ainsi de faciliter la communication des messages d’alerte par les autorités et dans les médias et de nous rendre ainsi plus prudents et attentifs aux consignes de sécurité. Cette règle s’applique partout dans le monde tant pour les tempêtes qui sévissent en Europe que les tornades tropicales.    

Une liste de 21 prénoms pré-établie chaque année

Le choix de ces prénoms n’est, lui non plus, pas complétement aléatoire. En Europe, c’est le pays qui déclenche cette alerte orange et qui est le premier touché par la tempête qui va la baptiser. Pour cela il va puiser un nom dans une liste annuelle préétablie généralement à l’automne, avant la période forte des tempêtes d’hiver. Celle-ci comprend 21 prénoms, classés par ordre alphabétique, en sautant les lettres plus rares tels que U ou Q, et alternant les prénoms féminins et masculins.

Ils sont donnés au fur et à mesure de la liste lorsque les tempêtes se produisent. Les pays alentours, s’ils sont touchés par la tempête, gardent généralement (mais pas toujours) ce premier nom durant tout le cycle de vie de la tempête. 

Des prénoms à consonance plus latine depuis 2017 en Europe

Historiquement, depuis les années 50, c’est l’Institut météorologique de l’Université de Berlin qui était à la manœuvre pour choisir ses prénoms. Ainsi, il ne faut pas s’étonner que les plus fortes tempêtes qui ont sévi en France, Martin en 1999, Klaus en 2009, Xynthia en 2010 aient des consonances germaniques. Des sondages ayant fait ressortir l’importance d’une dénomination « familière », un basculement s’est cependant produit en 2017. 

Désormais, les services météorologiques de France, Espagne, Portugal, rejoints en 2021 par ceux de Belgique et du Luxembourg, puisent dans une liste commune qui leur est propre. On y trouve une alternance de prénoms bien français comme dans la liste 2021-2022 : « Aurore » ou « Jean-Louis » et des prénoms à consonances hispaniques ou portugaises tels que « Diego » ou « Georgia ». Le Royaume-Uni et l’Irlande possèdent leur propre liste, ce qui peut expliquer que l’on puisse se retrouver avec un nom anglo-saxon si la tempête a débuté outre-Manche.  

Ouragans : des prénoms uniquement féminins jusqu’à la fin des années 70  

Pour le reste du monde, c’est le comité international de  l’Organisation Météorologique Mondiale (OMM) qui fait autorité et notamment pour les tempêtes tropicales, appelées plus couramment cyclones, ouragans ou typhons, soit des phénomènes caractérisés par des vents violents supérieurs à 118 km/heure. Comme en Europe, les prénoms féminins et masculins alternent, ce qui n’a pas toujours été le cas. Cette parité ne date que de 1979. Jusqu’alors, seules des noms féminins étaient donnés, notamment depuis la Seconde Guerre mondiale par les militaires américains qui choisissaient les prénoms de leurs femmes ou de leurs petites amies. Il faudra attendre la fin des années 1970 et un mouvement de protestation féministe, pour que soit établie une dénomination plus égalitaire. 

Quant aux canicules, un débat est en cours pour donner un nom ou pas à ces épisodes de fortes chaleur de plus en plus fréquents et impactant pour la population.  

Des ouragans « féminins » plus meurtriers ? 

Une étude, réalisée en 2014, par des chercheurs de l’Université américaine de l’Illinois, a marqué les esprits. En évaluant les impacts meurtriers des 94 cyclones tropicaux ayant sévi aux États-Unis entre 1950 et 2012, il s’est avéré que ceux aux prénoms féminins faisaient davantage de victimes que les anticyclones aux noms masculins. Ils seraient ainsi trois fois plus meurtriers. En cause ? Des préjugés genrés, voire sexistes, tenaces. Associés à une image de « non-violence » ou moins pris au sérieux, les noms féminins minimiseraient la perception du danger et conduiraient à des comportements imprudents.

 

Des appellations ouvertes au public depuis 2002

Depuis 2002, tout un chacun peut proposer un prénom auprès du service « Adopt a Vortex « (adopte un ouragan) de l’Institut météorologique de l’Université de Berlin. Mais non sans mettre la main au portefeuille et ce, afin de soutenir la formation des étudiants : 360€ pour un anticyclone et 240€ pour une tempête. 

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