Il est courant de penser que ce sont forcément les mâles qui chassent pour rapporter de la nourriture et se montrent plus offensifs. Pourtant, dans de nombreuses espèces animales, ce sont les femelles qui assurent ou excellent plus spécifiquement dans cette mission

La plupart des femelles chassent pour se nourrir et assurer la survie de leurs petits. Cela est le quotidien de nombre d’animaux, quel que soit leur sexe. Cependant chez certaines espèces animales, ce sont plus particulièrement les femelles qui assurent ce rôle, mettant à mal une vision sexuée qui voudrait que les mâles soient forcément plus forts et performants dans l’art de la chasse.

Prenez le lion ! Tout un chacun attribue au « roi de la jungle » force, courage, invincibilité…. Si celui-ci chasse bel et bien, ce sont en fait surtout les lionnes qui sont de redoutables chasseuses, celles-ci courant plus vite que les mâles, atteignant même des pointes à 60 km/h. Elles fourniraient ainsi 80 % à 90% de la nourriture nécessaire à la survie de la tribu.

Les lions, eux, passent environ vingt heures par jour à dormir et à se reposer et lorsque la nourriture rapportée est là, ils ne s’en prennent pas moins une « part de lion ». On peut retrouver ce même comportement chez d’autres félidés plus proches de nous. Les chats de compagnie passeraient ainsi beaucoup moins de temps à chasser que les chattes.

Des femelles bourrées de testostérone

Cousines de la famille des félins, les hyènes femelles s’avèrent de même plus guerrières que leurs homologues masculins. Plus lourdes que les mâles, en moyenne de 6 kilos, avec leur mâchoire surpuissante et leur estomac à toute épreuve, capable de broyer et de digérer des os, les femelles hyènes sont de redoutables prédatrices.

Une hyène seule peut capturer un gnou de 170 kilos, c’est dire ! Produisant de la testostérone en grande quantité, elles mènent souvent la chasse avec plus d’agressivité et décident des stratégies d’attaque lors d’un combat contre un autre clan. De même, au moment du partage de nourriture, s’il n’y a qu’un morceau de viande, le mâle s’incline. 

Une étude américaine a de même mis en évidence un taux de testostérone élevé chez les femelles dominantes dans la famille des lémuriens. Cousins lointains des singes, ces animaux, présents à Madagascar, reconnaissables à leurs gros yeux ronds à l’air ahuri, suivent un ordre social basé sur la domination féminine. Les femelles lémuriens ont des comportements qui en imposent. Ce sont elles qui se jettent en premier sur la nourriture, marquent leur territoire. Elles délogent même les mâles si ceux-ci les dérangent. 

Manchot empereur : le mâle couve et la femme part à la chasse durant des mois

On a tous aussi en tête ces images de manchots empereur blottis en « tortue », les uns contre les autres pour se tenir chaud vu qu’il fait – 40°C. Ces derniers sont bel et bien des mâles, à qui ils incombent de couver les œufs. Pendant ce temps, les femelles, elles, sont parties chasser durant de longues semaines, parfois à plus de 150 kilomètres. Normalement, l’éclosion des œufs coïncide avec leur retour. Par la suite, les deux parents se relaient pour aller chercher de la nourriture en mer. 

D’autres espèces animales observent des comportements similaires. On trouve ainsi les hippocampes mâles qui couvent les œufs, déposés dans leurs poches ventrales par la femelle ou les crapauds accoucheurs. L’une des raisons serait cette fois, non hormonale, mais environnementale. Lorsque les femelles sont en nombre inférieur, il incomberait aux mâles de s’occuper des jeunes. D’autres explications sont avancées. Chez les bonobos, les femelles s’occupent de la chasse et surtout de la répartition de la nourriture récoltée. Cette domination serait ainsi dû au fait que les mâles ignorent précisément quand elles sont fertiles. 

Le genre n’est-il qu’une construction humaine ? 

Certains scientifiques ont également observé des cas inhabituels chez les oiseaux. Ainsi dans la famille des phalaropes à bec étroit, la femelle, plus grande et plus colorée, se montre plus agressive que le mâle, qui là encore est chargé de couver la ponte. C’est elle qui assure la parade nuptiale, choisissant de courtiser tel ou tel mâle. Pour l’éthologue Michel Kreutzer, qui a étudié les comportements dits masculins et féminins de nombreuses espèces, « la distinction entre mâles et femelles ne permet pas à elle seule de cerner la répartition des différents rôles sociaux au sein d’une espèce. » 

On peut ainsi légitiment s’interroger pour savoir si le genre existe vraiment ou s’il n’est qu’une projection humaine. Publiée en 2020, une étude de l’anthropologue américain Randall Haas de l’université de Californie-Davis mettait en avant la découverte, dans les Andes, d’armes datant de 9000 ans, présentes dans de nombreuses sépultures de femmes. Selon ce chercheur, dans les sociétés préhistoriques de chasseur-cueilleur, 30% à 50% des femmes participaient à la chasse, y compris au gros gibier. 

Marianne Peyri

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