Cinq acteurs du monde de la chaussure lancent Reshoes, le premier programme européen d’innovation sur la recyclabilité des semelles. L’installation, qui sera implantée au Cetia, plateforme d’innovation dédiée au tri et au démantèlement automatisé des articles textiles et chaussures, à Hendaye, au printemps 2023, devrait permettre de traiter 1000 chaussures par jour

Onze paires de chaussures se vendent chaque seconde en France, soit 350 millions chaque année, selon la fédération professionnelle Chaussure de France et le site Globomete ! Or, jusqu’à présent les chaussures n’étaient pas recyclées, faute de solution rentable.

C’est en passe de changer : Zalando, Decathlon, le groupe Eram et Revalorem lancent, avec le soutien de la Région Nouvelle-Aquitaine, Reshoes, le premier programme européen d’innovation sur la recyclabilité des semelles. Objectif : mettre au point un pilote industriel capable de séparer les semelles de la tige, et de les trier.

Reshoes sera déployé au Cetia, structure spécialisée dans le tri et le démantèlement automatisés des articles textiles et chaussures, qui regroupe des ingénieurs spécialisés en robotique, automatisation et intelligence artificielle. Cette plateforme a été créée en février 2021 à Bidart (Pyrénées-Atlantiques), avec le soutien de la Région Nouvelle-Aquitaine, par le Centre européen des textiles innovants (Ceti), basé à Tourcoing (Nord), et l’École supérieure des technologies industrielles avancées (Estia) de Bidart.

« Les matières premières vont manquer ou coûter plus cher »

Chloé Salmon-Legagneur, directrice du Cetia précise : « Il y a plusieurs verrous technologiques et autres à lever, explique C parvenir à séparer, de manière automatisée, la semelle – en polyuréthane (PU), TPU, caoutchouc…-, qui représente 40 % du volume de la chaussure du restant du soulier en quantité suffisante, pour recréer de la matière. Et…des nouvelles collections, « acceptables » par les clients. Avec la raréfaction du pétrole, les matières premières viendront à manquer et coûteront de plus en plus cher, c’est déjà le cas, indique l’experte. Il faut pouvoir produire en boucle fermée. C’est la volonté des partenaires. »

Deux lignes automatisées devraient voir le jour dans les prochains mois : une, en mars, d’arrachage des semelles collées de tous types de chaussures (luxe, ville, sport…) ; l’autre, en juin 2023, de découpe des semelles cousues.

1000 chaussures et semelles seront traitées chaque jour

La première sera fabriquée par l’entreprise landaise Semso et pourra traiter 120 chaussures par heure soit 1000 par jour. Elle devra détecter les différentes matières, les trier et les préparer en vue du recyclage. « Cette première unité permettra de tester la faisabilité du processus développé par le Cetia avant son déploiement à échelle industrielle », précise Chloé Salmon-Legagneur.

L’autre ligne automatisée devrait être implantée dans les nouveaux locaux du Cetia, de 1200 m2, à Hendaye (Pyrénées-Atlantiques).

Plusieurs autres marques, fabricants et collecteurs-trieurs seraient intéressés par ces technologies.  

Le Cetia pointe qu’intégrer des matériaux recyclés dans une pièce permet d’en réduire de 30 % l’impact carbone. Ses ambitions ne se limitent pas à la chaussure : dans le cadre du projet européen Scirt (System Circularity and Innovative Recycling of Textiles), le Cetia va travailler à identifier via des caméras les éléments d’un vêtement à ôter avant recyclage, comme les boutons, zip, logos… Autre objectif : massifier le tri des matières et des couleurs pour rendre la filière circulaire.

Florence Heimburger

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