Dans une société normée comme la nôtre, ne pas avoir de relations sexuelles passe pour une anomalie. pourtant, il n’y a aucune contrainte physique qui y soit liée. Mais ça reste quand même un peu mieux

Personne n’est jamais mort d’un peu d’abstinence (sexuelle). Et ce n’est même pas un besoin, c’est juste un désir. Une légende urbaine soutient que, comme la production de spermatozoïdes ne cesse jamais, il y a un risque pour les testicules si elles ne sont pas vidées. Ça peut vous auto-disculper de le croire mais c’est faux : les spermatozoïdes en trop sont systématiquement éliminés et il n’y a aucune surcharge à craindre de ce côté-là.

On peut parfaitement choisir l’abstinence comme mode de vie sans que cela ne nuise à la santé physique. Si c’est un choix librement consenti, cela ne pose aucun problème. S’il ne l’est pas, cela peut engendrer des frustrations qui peuvent nuire à l’équilibre psychologique mais nullement physique. Reste qu’avec l’injonction à une sexualité épanouie qui peut s’apparenter au culte de la performance, il est difficile d’affirmer que, hé bien non, on n’a plus forcément envie de sexe.

La vue et l’odeur

Bien sûr, il y a les phénomènes physiques qui nous emmènent fatalement au désir. Pour la plupart des animaux, les phéromones jouent ce rôle qui les conduit parfois à risquer leur vie pour se reproduire. Les êtres humains possèdent les vestiges d’un récepteur à phéromones qui ne semble plus fonctionnel. C’est par l’œil que passe l’essentiel des signes, comme chez pas mal de nos cousins primates qui scrutaient l’horizon depuis les arbres. Mais aussi par l’odeur. Et les femmes ont un avantage en ce domaine : elles sont plus susceptibles de reconnaître facilement l’odeur de leur partenaire que les hommes.

Si l’action des phéromones ne semble pas avérée, il y a quand même un processus chimique à l’œuvre note Ivanka Savic du département de Neurosciences de l’Institut Karolinska de Stockholm. Elle a repéré une activation de l’hypothalamus chez les femmes lorsqu’elles captent de l’androstadiénone, un dérivé de la testostérone, et chez les hommes qui respirent une forme d’œstrogène. Et tout ceci, tout naturellement, conduit à produire la fameuse dopamine, à la fois hormone et neurotransmetteur, qui se libère lorsque le corps reçoit (ou anticipe) une récompense. On tient là un réflexe animal mais pas un besoin vital.

Le sexe rajeunit

Et on peut le chercher un peu plus loin : d’après David Weeks, neuropsychologue à Edimbourg ( Weeks D. Secrets of the Superyoung. Londres, éditions Hodder & Stoughton,1998), une activité sexuelle épanouie et régulière permet de paraître dix ans plus jeune. Et ce avec un même partenaire car les aventures sexuelles occasionnelles, même fréquentes, n’ont pas cet effet rajeunissant.

En outre, cela diminue les risques cardiovasculaires jusqu’à 50%, et pas uniquement grâce à l’effort physique fourni : la qualité du sommeil s’améliore, le stress et l’anxiété diminuent grâce aux endorphines libérées par l’hypothalamus après l’amour. Et pour les hommes, une éjaculation régulière fait baisser les risques de cancer de la prostate grâce à l’évacuation concomitante de composés cancérigènes qui s’accumulent. Pour les femmes, l’ocytocine libérée diminue les cancers du sein.

Bref… le sexe n’est pas vital. C’est juste un peu mieux avec.

Jean Luc Eluard

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