Elles sont partout. À peine un mur est monté qu’elles prennent place. Dégoulinantes. À en oublier la couleur originale du mur.

Dans certaines rues, les taches vertes alternent avec le noir et semblent couvrir tout l’ensemble. « Quand on a une surface, même si elle est toute récente, très rapidement elle va être colonisée par les virus, les bactéries, les algues, les champignons… même si, à l’œil nu, ces organismes ne sont pas d’emblée visibles. Mais, avec le temps, certains vont particulièrement se montrer », explique le lichenologue Jean-Louis
Farou. C’est le cas dans les rues étroites, surtout si elles sont peu ensoleillées. Pour peu qu’elles soient humides, une couche verdâtre ne tardera pas à apparaître au pied des murs.

« Il s’agit d’un pleurococcus, une algue monocellulaire très répandue en Amazonie comme à Bordeaux. Cette algue est susceptible de lichenisation. » Si elle rencontre un champignon lichenisable, elle va se transformer en lichen, le lichen étant l’alliance d’une algue et d’un champignon. Il prendra une cou-
leur particulière selon le type de lichen produit. Et c’est parti pour la naissance d’une belle tache sur le mur.

Une multitude de poussières

Parmi les responsables, le lichen est donc le premier ou, du moins, le plus visible. Car nous en avons oublié la noircissure des murs comme si celle-ci était une fatalité.
Trois facteurs vont, là, entrer en jeu : les poussières, les bactéries et les HAP, les hydrocarbures aromatiques polycycliques. Ces HAP sont cette bonne vieille pollution présente partout, à moins d’habiter dans un hameau éloigné. Et encore. Si vous doutez de leur présence, passer le doigt sur une surface vitrée que l’on pourrait croire propre… Bon, n’oubliez pas de vous laver les mains ! Les productions industrielles et les véhicules sont les principaux émetteurs de ces fameux HAP.

Puis viennent les cyanophycées, bactéries primitives, qui salissent les substrats sur lesquels elles se posent. Dès qu’il y a de l’humidité, elles prolifèrent car elles trouvent les nutriments pour s’y développer. Et si vous y échappez, vous ne couperez pas aux poussières minérales et biologiques qui s’installeront. Tous les milieux sont soumis à des substances qui produisent une multitude de poussières. « La nature n’aime pas le vide… Ne serait-ce que par le vent qui transporte les poussières, il y aura toujours une activité bactérienne et virale. » Bref, on aura beau nettoyer les murs, les taches reviendront encore, encore et encore.

Alexandre Marsat

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