La quasi totalité de la population terrestre est confrontée à des taux de pollution aux particules fines supérieurs aux recommandations de l’OMS. Un constat d’autant plus alarmant que les particules fines représentent un danger pour la santé humaine

Les particules fines sont partout, presque tout le temps. Tel est le constat alarmant d’une vaste étude dirigée par le professeur Yuming Guo de l’école de santé publique et de médecine préventive de l’université Monash à Melbourne. Cette étude, portant sur la période 2000-2019, apporte pour la première fois un éclairage global sur la distribution spatiale et temporelle des concentrations quotidiennes de particules fines (ou PM pour Particulate Matter) de moins de 2,5 microns. Les résultats, publiés en mars 2023 par The Lancet Planetary Health, révèlent une évolution à plusieurs vitesses.

Tous exposés, à différents niveaux

« La plupart des régions d’Asie, d’Afrique du Nord et subsaharienne, d’Océanie, d’Amérique latine et des Caraïbes ont vu leurs concentrations de particules fines de 2,5 microns (PM2,5) augmenter au cours des 20 dernières années », notent les auteurs. La Chine se classant au premier rang pour la concentration moyenne de PM2,5 en 2000, 2010 et 2019. Dans ce pays, comme dans tous ceux qui figurent dans le top 10 des pays présentant les plus fortes concentrations annuelles, les populations sont exposées à des niveaux supérieurs aux normes de sécurité (1) plus de 90 % des jours de l’année.

En revanche, sur cette même période, les concentrations moyennes annuelles de PM2,5 dans l’air ont diminué en Europe, ainsi que dans certaines régions d’Amérique du Nord et d’Afrique du Nord. Réjouissons-nous sans pour autant baisser la garde…

Les particules fines, un danger pour la santé

Inodores et invisibles à l’œil nu, les particules fines sont constituées de matières solides et/ou liquides en suspension dans l’air. Une fois inhalées, elles pénètrent en profondeur dans les poumons et passent dans le réseau sanguin, provoquant des maladies respiratoires et cardiovasculaires et favorisant un risque accru de cancer du poumon, voire d’autres cancers. 

A elles seules, les particules fines sont responsables de 6,69 millions de décès prématurés à l’échelle mondiale. Dans l’hexagone, Santé publique France évalue à près de 40 000 le nombre de décès liés à la pollution particulaire (réactualisation 2021 des données datant de 2016). Et à près de 8 mois d’espérance de vie perdus pour les personnes âgées de 30 ans et plus.

… et pas seulement lors des pics de pollution

Or, c’est bien l’exposition chronique aux particules fines qui a le plus d’impact sur la santé que les pics de pollution. Une étude plus ancienne, menée par Santé Publique France dans 17 villes de 2007 à 2010, avait déjà montré que c’est l’exposition à la pollution, quotidienne et dans la durée qui a l’impact le plus important sur la santé, les pics de pollution ayant un effet marginal.

Sachant, qu’au plan épidémiologique, « il n’existe pas de seuils en-deçà duquel aucun effet sur la santé ne serait observé sur la population, tant pour une exposition à long terme que pour une exposition à court terme » comme le précise Santé publique France.

Par ailleurs, toutes les particules fines n’ont pas la même nocivité. Les particules de combustion liées au trafic automobile notamment diesel, à la combustion du bois, du charbon, du fioul ou à l’incinération de matières organiques sont ainsi particulièrement toxiques. Autant de raisons pour limiter (chaque fois que possible) l’utilisation de la voiture individuelle sans attendre la survenue d’un pic de pollution.

(1) Selon les recommandations de l’OMS, la densité de PM2,5 dans l’air ne doit pas dépasser les 15 microgrammes par mètre cube (15 μg/m³) sur toute période de 24 heures, et rester inférieure à cinq microgrammes par mètre cube en moyenne sur un an.

Alexandrine Civard-Racinais

A savoir : Les émissions de particules fines résultent :

  • d’activités humaines (transports motorisés, industrie, activités agricoles, chauffage individuel au bois) ;
  • de phénomènes naturels (sable de désert, sels marins, éruptions volcaniques, feux de forêts, etc.). 

En pratique : Pour connaître la qualité de l’air sur votre lieu de résidence, de travail ou de vacances, consultez le site d’Atmo-France.

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