Les matériaux en contact avec les aliments sont-ils susceptibles d’avoir un impact sur la santé des consommateurs ? Cette question est au cœur du projet FoodContact sélectionné par l’Inserm dans le cadre de son programme Impact Santé. Financé à hauteur de 3 millions d’euros, il fait partie des projets de recherche susceptibles de mener à des innovations scientifiques de rupture et à fort impact dans le domaine de la santé
L’ambition du consortium scientifique, porteur de FoodContact, est grand ! « Avec ce projet on s’intéresse à l’impact sur la santé de tous les matériaux en contact avec les aliments », explique Mathilde Touvier, chercheuse principale, directrice de l’équipe de recherche en épidémiologie nutritionnelle (EREN)*. Conserves métalliques, cartons, plastiques… ces emballages alimentaires contiennent en effet plus de 12 000 composés chimiques susceptibles de migrer vers les aliments que nous consommons.
Une exploration inédite des liens entre matériaux alimentaires et maladies chroniques
« Pour la première fois, nous allons pouvoir analyser les liens entre l’exposition à ces matériaux alimentaires et la santé humaine dans une perspective de long terme. Ceci est possible grâce à la cohorte NutriNet-Santé, qui comprend plus de 179 000 personnes », poursuit Mathilde Touvier.
Cette étude inédite, basée sur une approche épidémiologique couplée à des analyses toxicologiques et physiologiques, s’étalera sur 4 années. La première année et demi permettra de quantifier l’exposition des participants de la cohorte aux différents types de matériaux et de contaminants chimiques. « À partir de là, nous pourrons commencer les analyses des liens entre ces expositions et le risque de maladies chroniques », tels que les cancers, les maladies cardiovasculaires ou le diabète.
Des connaissances scientifiques destinées à améliorer la sécurité des consommateurs
Mathilde Touvier se réjouit : « Le projet FoodContact va fournir beaucoup d’éléments scientifiques sur les effets de ces contaminants. Des connaissances nécessaires à la révision de leur évaluation sanitaire pour décider des mesures à prendre afin d’assurer une meilleure sécurité des consommateurs. » Les résultats de l’étude pourraient ainsi faire évoluer la réglementation liée à la formulation et à la production des emballages alimentaires.
Elles pourraient aussi ouvrir la porte à la création d’un nouveau logo, le Toxi-Pack score. « Cela fait partie des pistes que nous souhaitons explorer : comment traduire ce corpus de connaissances en indication pratique pour les consommateurs ». Le Toxi-Pack score pourrait permettre de s’informer en un coup d’œil de la qualité toxicologique des emballages alimentaires. À l’instar du Nutri-Score, mis au point par des chercheurs sans lien d’intérêt avec l’industrie agroalimentaire, adopté par la France en 2017, et devenu en quelques années un véritable outil de santé publique.
Alexandrine Civard-Racinais
EREN (Inserm 1153/Inra 1125/Cnam/Université de Paris – Paris 13)