Certes, un sou, c’est un sou, diront les pragmatiques et les radins. Mais pour la Monnaie de Paris, dont l’usine de fabrication est située à Pessac, en Gironde, il y a sou et sou car tous ne sont pas fabriqués de la même façon. Deux éléments essentiels entrent dans la décision sur le métal à utiliser et le processus à leur faire subir : l’économie maximale pour les petites pièces de 1, 2 et 5 centimes.
Et compliquer la contrefaçon pour celles de 1 et 2 euros.

Les plus petites, celles qui énervent parce qu’elles plombent le porte-monnaie, sont en acier parce que ce n’est pas cher et sont recouvertes de cuivre pour leur donner cette couleur. D’autres pays ont choisi le laiton ou le bronze pour habiller cette menue monnaie, mais l’objectif reste le même : produire cheap, même si la pièce de 1 centime en coûte environ 4 à la production et celle de 5 centimes s’équilibre à peine.

D’où le peu d’intérêt porté à leur résistance à l’usure, qui augmente le coût de fabrication. Les pièces de 10, 20 et 50 centimes que récolte Bernadette sont un alliage de cuivre résistant à l’oxydation, aussi appelé « or nordique » et composé de 89 % de cuivre, 5 % de zinc et d’aluminium et 1 % d’étain. Avec l’euro, c’est la première fois en France que cette couleur de pièce ne comprend pas de nickel, puisque certains y sont allergiques. Il devient possible donc de prendre un bain de sous comme Picsou.

Rendre difficile la contrefaçon

Contrairement aux plus petites unités, leur tranche est dentelée. Ce n’est pas pour faire joli, cette innovation technique a été introduite au XVIe siècle pour empêcher une pratique courante : lorsque les pièces étaient en métal précieux, les vrais radins les rognaient.

Même s’il serait ridicule aujourd’hui de faire la même chose, la gravure de la tranche demeure, pour rendre la copie plus difficile.

Enfin, le principal souci pour les pièces de 1 et 2 euros est de les rendre difficiles à contrefaire. Leur centre est en cupronickel (75 % cuivre, 25%nickel) et la couronne en maillechort (75 % cuivre, 20 % zinc, 5 % nickel). Mais le tour de force, c’est la double couleur dont la Monnaie de Paris a déposé le brevet de fabrication dans les années 1980.
La résistance entre les deux parties tient aux petites marques qui ornent le pourtour du coeur et qui, une fois la couronne sertie, rendent l’ensemble indissociable en usage normal. Si vous essayez avec un marteau et un poinçon, vous arriverez sans doute à les désemboîter, mais vous aurez perdu un euro.

Dernière caractéristique de toutes ces pièces : chaque alliage a sa propre signature électromagnétique, et les distributeurs de pièces les plus performants, outre la taille et le poids, détectent aussi ce signal.
Avec tout ça, vous ne serez pas plus riche, mais vous saurez de quoi est composé votre manque d’argent.

Jean Luc Eluard

Chronique réalisée en collaboration avec le Mag de Sud Ouest.
http://www.sudouest.fr/lemag/

Crédit photo : Pierre Baudier

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