C’est l’actu scientifique qui a réjoui tout le monde. Une enzyme va enfin pouvoir nous débarrasser de notre immense pollution plastique. Mais ce n’est pas vraiment une bonne chose…

Une enzyme qui va s’attaquer au plastique… c’est le sujet science qui aura fait toute la semaine sur le web ! Une actu facilement virale alors que les océans se noient sous nos plastiques.  Des enzymes miracles découverts par hasard, peuvent partir « à l’assaut de montagne de plastiques » comme certains titres nous l’expliquent.
Super, on va pouvoir continuer à polluer forêts, champs, trottoirs et toutes les mers. Cet enzyme va nous sauver.
Quand on sait que le continent de plastique qui dérive sur l’océan fait trois fois la France (1,6 million de kilomètres carrés), l’enzyme n’a pas intérêt à prendre des RTT… Mais l’info a fait rêver tous les médias et les internautes du monde entier. Au moment où vous lisez ces lignes, 206 kilos de plastiques rejoignent l’océan chaque seconde. Il y a de quoi se réjouir.

Et pourtant, il ne faudrait pas que cette info occulte ces chiffres dramatiques pour la faune, la flore, les êtres humains et tout notre écosystème.
C’est si facile de croire que toute notre pollution n’est pas si dangereuse que cela. Bien sûr, l’immense intelligence humaine viendra un jour ou l’autre combler son immense bêtise et son insondable cynisme.

Surtout, l’étude scientifique qui a fait couler tellement d’encre et généré des milliers de partages est à relativiser. Oui les chercheurs de l’université de Portsmouth ont bien trouvé une enzyme bactérienne dévorant le plastique. Mais attention à ne pas aller trop vite en besogne. Interrogé par France Inter, le directeur de recherche CNRS au Laboratoire d’océanographie microbienne Jean-François Ghiglione explique « c’est un travail qui permet l’avancée de la compréhension des mécanismes, mais il ne faut pas imaginer pour autant qu’on peut continuer à rejeter des bouteilles en plastique dans l’océan car, dans le milieu naturel, les bactéries ne sont pas capables de dégrader le plastique ».
Bref, si c’est simplement en labo que l’enzyme fait disparaître le plastique, cela devient peu intéressant pour les bouteilles et les sacs plastiques qu’on jette à tour de bras.

Fabien Goubet, journaliste au quotidien suisse Le Temps alertait dans un édito dès le lendemain de la publication de la découverte anglaise : « Non, une telle découverte n’a rien de réjouissant. (…) Le processus, bien qu’intéressant sur le plan biologique, restera lent ».
Et de rappeler avec pertinence : « La nature travaille à un rythme souvent incompatible avec la frénésie consumériste des êtres humains. » (Son édito à ne pas manquer est ici)

Ah, mince, alors c’est toujours aussi embêtant de polluer ?

Le temps de lire cet article, c’est 22.660 kilos de plastique qui ont fini dans l’océan…

Alexandre Marsat

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