Au milieu des huîtres du bassin d’Arcachon se cache une grande variété d’hippocampes. Ces petits poissons apprécient le milieu de cette lagune où ils s’abritent, se nourrissent et se reproduisent
Les amoureux du bassin d’Arcachon seront sans doute surpris d’apprendre que ce lieu si prisé des vacanciers abrite la plus grande population d’hippocampes de France. Ces poissons, qui appartiennent à la famille des syngnathidés, viennent s’abriter, se nourrir et se reproduire dans cette lagune semi-fermée.
Première surprise, il n’y a pas une mais deux espèces présentes : les hippocampes mouchetés et les hippocampes à museau court. Parsemé de points blancs, l’hippocampe moucheté porte des filaments dermiques sur sa tête et parfois sur son dos. Il est plus grand (14,25 cm en moyenne contre 10 cm) que l’hippocampe à museau court. Cette espèce est aussi la mieux représentée. « Sur les sites étudiés, on trouve 85% d’hippocampes mouchetés pour 15% d’hippocampes à museau court » relève Arnaud Nadau, biologiste marin, plongeur scaphandrier et président de l’Association pour la Protection et la Sauvegarde des Hippocampes du Bassin d’Arcachon (APSH33).
Un rare exemple de reproduction paternelle
Ce passionné est également l’auteur d’un documentaire de 52 minutes : Hippocampes et autres trésors du Bassin d’Arcachon. Il vient de recevoir la Palme d’or au Festival international du monde marin d’Hyères (1). On y découvre l’une des singularités de ce poisson pas comme les autres. « C’est le mâle qui porte les oeufs jusqu’à l’éclosion dans une poche ventrale, un peu comme les kangourous ». Lorsque le moment est venu, il expulse des centaines de petits hippocampes au moyen de violentes contractions de son abdomen. « Ce fut une émotion très forte. Je me sens privilégié d’avoir vécu ce moment pour lequel j’ai passé des nuits entières à côté des hippocampes ».
Protéger les herbiers pour sauvegarder les hippocampes
Si la mortalité est effroyable chez les juvéniles, les adultes ont aussi quelques prédateurs naturels dans le bassin. Ils figurent en effet au menu des seiches, des congres et des rascasses brunes. « Étonnamment, il semblerait que leurs prédateurs principaux dans le bassin soient les oiseaux marins comme les cormorans, en particulier en hiver ». Dans les années 50, touristes et pêcheurs les ramassaient aussi à l’épuisette pour les faire sécher et les utiliser comme « objets » de décoration. Cette époque semble heureusement révolue et les hippocampes sont aujourd’hui protégés. Mais « nous manquons cruellement de chiffres et d’études » et la sensibilisation, à laquelle Arnaud Nadau s’emploie par l’image, doit se poursuivre afin de sauvegarder durablement ce délicat cheval de mer et son habitat.
(1) Retrouvez le DVD du film « Hippocampes et Autres Trésors du Bassin d’Arcachon » sur son site : Cheval du Bassin.
Alexandrine Civard-Racinais
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