Diplômée de droit de l’environnement, Marielle Philippe a crée une peausserie marine éco-responsable à la Teste-de-Buch (Gironde) : elle fabrique du cuir à partir des peaux de poissons d’Aquitaine de consommation. ©FémerDiplômée de droit de l’environnement, Marielle Philippe a crée une peausserie marine éco-responsable à la Teste-de-Buch (Gironde) : elle fabrique du cuir à partir des peaux de poissons d’Aquitaine de consommation. ©Fémer

Une tannerie éco-responsable de La Teste-de-Buch (Gironde) séduit des maisons de mode avec ses peaux de saumons et de truite recyclées en cuir souple, résistant et imperméable.

Marielle Philippe est une enfant de la côte atlantique : née à La Teste-De-Buch (33), elle a grandi sur le bassin d’Arcachon et accompagnait son grand-père à la pêche. C’est donc naturellement qu’en 2014 elle y a co-créé avec sa mère une peausserie marine la start-up Fémer (pour « Fait mer ») dans une cabane sur le port de La Teste. Il s’agit d’un atelier de tannage de peaux de poissons de la région : truite d’Aquitaine, saumon, esturgeon, bar moucheté, mulet, sole, congre, roussette, poisson-chat…

Fabriqué à partir de déchets de poissons de consommation, le cuir Fémer épargne donc les requins et reptiles (python, crocodile), des espèces pour certaines menacées.

Une technique de tannage ancestrale venue de Laponie

« Je souhaitais promouvoir l’économie circulaire, donner une vie à ces peaux qui finissaient à la poubelle », explique la jeune femme. La Testerine fait chaque jour le tour des poissonniers et grandes surfaces du bassin d’Arcachon pour récupérer des peaux de poissons crus avant de les écharner et écailler.

Elles sont ensuite mises à tremper dans des bains à base de décoctions de plantes locales (mimosa, noix de galle, chêne, châtaignier…) aux coloris variés. « Je refuse les substances pétrochimiques et sels de chrome, nuisibles pour l’environnement », souligne Marielle Philippe.

Enfin, après séchage, les peaux sont travaillées pour plus de souplesse et de brillance. Résistant, élastique et étanche, ce cuir made in Aquitaine séduit les artisans qui en font des chaussures, sacs, portefeuilles, bracelets…

C’est en Laponie que la mère de Marielle, membre de l’association « Femmes de mer en partage » (qui regroupe des femmes ostréicultrices, pêcheuses, scientifiques…), a découvert cette technique. Fraîchement diplômée de droit de l’environnement et d’un Master 2 de Gestion des littoraux et des mers, sa fille, attirée par le stylisme, l’a remise au goût du jour.

Des veilles peaux qui séduisent les maisons de mode

Aujourd’hui, plus de 100 créateurs et marques dont certaines prestigieuses (chaussures de luxe J.W. Weston, sandales La Pylataise, souliers pour bébé Hippie Ya et Paskam, selliers-maroquiniers Daguet, Louis Chelli, Goyard…) commandent désormais ce nouveau cuir à Fémer.

Persuadée qu’il a sa place partout où on souhaite « une touche marine et exclusive », Marielle Philippe envisage d’étendre son activité à l’aménagement de bateaux, d’intérieurs, au mobilier…Une affaire qui fait des émules en Patagonie et en Thaïlande !

Florence Heimburger

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